Ces activités parasitaires que l'on croyait disparues à jamais, font désormais partie du décor. Le recours au gain facile et l'indifférence des gens n'ont fait qu'encourager les pratiques basées sur le charlatanisme et les croyances médiévales auxquelles se livrent au grand jour des gens sans différence de sexe ni d'âge dans les souks, places publiques, bains maures et même dans les demeures familiales. Des pratiques de toutes sortes y trouvent leur lieu de prédilection, du jeu de cartes au procédé des noeuds, à la fusion du plomb, jusqu'au fameux «khat r'mel», ce phénomène du moins insolite revient en force ces derniers temps à Sétif et gagne de plus en plus de terrain. En effet, ces activités parasitaires que l'on croyait disparues à jamais, font désormais partie du décor quotidien du Sétifien. Aux abords de la mosquée Ibn Badis, jouxtant la vieille école de la ville qui a vu déferler les personnalités de la renaissance nationale, des hommes venus de nulle part occupent les trottoirs, emmitouflés dans leurs burnous et n'ayant en leur possession qu'une simple plume «qalam» entre les doigts, une bouteille d'encre «Smegh» et quelques bouts de papier jaunâtre éparpillés un peu partout. Ces hommes qu'on appellent les «Taleb» règnent en maîtres des lieux. Décontractés, l'allure fière, regard scrutateur, barbe en broussaille et le verbe facile, ces fameux talebs harponnent facilement leurs proies parmi les passants, tous en détresse et crédules. Lorsqu'ils commencent leur rituel récit, le client se met rapidement à l'aise, sans comprendre quoi que ce soit à ce «charabia» où se mêlent un langage sibyllin et du bla-bla. Le client, dans un tourbillon d'idées, paie sans poser de questions et s'en va le plus rapidement possible. Non loin de cet endroit, en passe de devenir le QG des charlatans, c'est le même scénario qui se déroule à l'arrêt principal des bus, mais cette fois ce sont des jeunes filles étrangement vêtues qui abordent les passants avec une facilité et une rapidité déconcertantes. Elle se fait un malin plaisir à exploiter la naïveté des gens vulnérables, c'est une chose qui ne demande pas de grands moyens. Avec un sourire au bout des lèvres, quelques paroles improvisées et mielleuses et le tour est joué. A Sétif, on les appelle les «guezenate» et sont spécialistes dans la lecture des traits de la main d'autant plus qu'elles font preuve de beaucoup d'imagination pour prédire à leurs clients la bonne aventure. Ici, la vie se déroule dans la rue. Le charlatanisme trouve son compte dans les quartiers à forte concentration d'habitants. A Tandja, Ras Idor, Birgueye, H'chama et d'autres vieux quartiers populaires de la cité de Aïn Fouara, des pratiques de toutes sortes trouvent leur vocation où l'imagination du charlatan à la cité H'Chama où un mystérieux «M'rabet» a élu domicile depuis quelques années. Un homme d'une soixantaine d'années, teint terreux, cheveux ébouriffés, portant une «quachabia» prétend qu'il a l'art et la manière de transformer toutes les solutions. Sa devise : tout est facile et simple, il suffit d'y croire. Ses clients viennent de partout, de Tamanrasset, Oran, Alger, la Kabylie et même de Tunisie. D'autant plus que ses prix sont modérés. Il est réputé pour les manoeuvres de l'oeuf, le blé et la fusion du plomb. Cette dernière fait fureur ces temps-ci. Cette pratique consiste à fondre du plomb et à le plonger dans l'eau et le retirer ensuite. La forme géométrique obtenue après refroidissement du métal sera ensuite interprétée. Beaucoup de jeunes préfèrent cette pratique, pour que leurs voeux soient exaucés : mariage, amour, projet... etc.