L'habit ne fait plus le moine. Le président français, François Hollande, l'a appris à ses dépens - du moins s'il admet ses échecs récurrents et ses renoncements à plusieurs projets emblématiques de son quinquennat - qui a mésusé de ses forces et de ses capacités à forcer le destin. On peut être un homme politique habile, voire tortueux, cela ne fait pas nécessairement un homme d'Etat. Le «candidat normal» [c'était son slogan de campagne en 2012] a beaucoup perdu de sa superbe et de sa «normalité» au contact du métier ardu de diriger un pays. Surtout un pays tel que la France avec ses traditions et ses «quant-à-soi». Aussi, les retours de bâton pouvaient être assassins. Féru de petites phrases assassines que les médias reprenaient avec gourmandise, François Hollande ne se méfiait pas assez des risques de tomber dans l'excès et l'abus. Il a ainsi commis un impair, hors de propos, concernant l'Algérie (fin 2013) s'inquiétant pour son ministre de l'Intérieur en visite dans ce pays. Ce dernier [Manuel Valls] présent à l'Elysée, lui fait savoir qu'il est de retour. Ah! «Sain et sauf» s'exclama alors François Hollande, qui ajouta «C'est déjà beaucoup!». Comment décrypter cette pantalonnade à tout le moins bizarre envers un pays [l'Algérie] qui a vaincu seul le terrorisme et démontré sa détermination et son courage? Ce genre de sottises a jalonné le mandat du président socialiste français. Ce qui fait mauvais genre pour un chef d'Etat. Ça lui permet d'oublier, de faire oublier, ses échecs économiques, la dégradation du tissu industriel français, son incapacité à juguler le chômage, à satisfaire la jeunesse. Il s'est même engagé à ne pas se représenter pour un second mandat s'il n'arrivait pas à inverser le cours du chômage. C'est loin d'être fait. En concurrence avec le taux de chômage en hausse constante, son impopularité au plus bas [-13% ] bat tous les records en la matière. A quelque dix mois de la présidentielle de 2017, ça craint pour l'ancien député et président du Conseil général de la Corrèze! Il faut aussi dire - à sa décharge? - que le président français ne manqua pas de soucis ces deux dernières années avec la montée des frondes sociales et les grèves sectorielles, les menaces terroristes et pour accentuer le chaos - comme cela a été le cas ce week-end - la météo qui a fait des siennes, noyant Paris sous des trombes d'eau. Tout ça à la veille du début de l'Euro 2016 de football qui s'annonce morose dans une France en état de siège. Ce qui ajoute à la crispation des Français, à l'incertitude de ses dirigeants. En changeant de veste, optant pour le libéralisme, François Hollande a en fait abandonné ce qui faisait la raison d'être du socialisme. Le populisme droitier ne paie pas toujours. En maintes occasions, François Hollande - plus présent sur la scène internationale que soucieux des intérêts des Français - l'apprit à son détriment. En fait, les démarches cahotantes du chef de l'Etat français, ses décisions politiques à contre-emploi - pour reprendre une expression usitée au cinéma - ont suscité les interrogations. Ainsi, les médias français sont arrivés à l'accuser de faire du «Sarkozy» [Nicolas Sarkozy, ancien président 2007-2012] notamment dans l'affaire de la réforme de la Constitution avec à la clé la déchéance de la nationalité française, cheval de bataille de Nicolas Sarkozy, repris à son compte par Hollande. Un projet, auquel le président français a dû renoncer, qui a tourné au fiasco. Or, Manuel Valls affirme: «La déchéance de nationalité n'est pas une arme contre le terrorisme. On l'a prise parce que c'était une proposition de la droite. C'est un débat compliqué sur qu'est-ce qu'être français?» Il ajoutait: «Je ne suis pas gêné par cette proposition même si j'en vois les limites. C'est le président de la République qui a mis cela dans son discours.» Un autre projet qui a de fortes chances de finir en eau de boudin: la nouvelle loi du Travail refusée par la classe laborieuse française. Le Premier ministre a dû recourir à l'article 49-3 de la Constitution pour faire voter la loi dite «loi El Khomri» du nom de la ministre du Travail. Une adoption sans gloire pour le gouvernement Hollande dont la majorité à l'Assemblée nationale s'est diluée au point de le contraindre à faire appel à la Loi fondamentale pour imposer sa réforme au monde du travail. A cela s'ajoutent les contingences que fait peser la menace terroriste. Aussi, l'Euro-2016 de football, s'ouvre-t-il demain en France dans des conditions incertaines et sous surveillance policière. Fragilisé sur tous les plans, François Hollande est appelé à vivre une fin de mandat pénible pour un président français qui restera une énigme.