Les chiffres déjà disponibles, donnent 76 sièges à l'Alliance unifiée irakienne et 20 à la liste du Premier ministre irakien. Une semaine après les élections en Irak, les opérations de dépouillement qui se poursuivent, donne d'ores et déjà une nette avance au courant fondamentaliste chiite, parrainé par le grand ayatollah Ali Sistani. Les intégristes de l'Alliance unifiée irakienne, devançaient jusqu'à hier ses adversaires dans dix provinces à majorité chiite. Plus de 67% des électeurs sur quelque 3 millions de votants décomptés ont voté pour la liste de Sistani, selon les chiffres, encore provisoires, de la commission électorale. La liste du Premier ministre Iyad Allaoui, appartenant à la communauté chiite d'Irak, mais se réclamant de la laïcité, arrive en deuxième position avec 17,5% des voix, soit 579.708 votes. Une responsable de la commission a précisé que le total des votes décomptés jusqu'à vendredi était de 3.300.000. Le décompte fait apparaître des surprises, la 3e position revenant à la liste totalement inconnue des «cadres et élites nationaux indépendants» de Fathallah Ghazi Ismaïl, qui obtient 43.383 votes, soit 1,3% des suffrages. Ce décompte partiel, n'est pas à même de permettre une projection nationale de ce que sera la première Assemblée nationale pluraliste d'Irak depuis plus de 50 ans. Cette précaution que s'empressent de prendre les observateurs de la scène irakienne est en rapport avec le fait que les voix kurdes n'ont pas encore été comptabilisées. Cependant, les chiffres déjà disponibles donnent 76 sièges à l'Alliance unifiée irakienne et 20 à la liste du Premier ministre irakien sur 275 postes à pourvoir dans le nouveau parlement irakien. Cette nouvelle donne politique, si elle venait à se confirmer, mettrait Ayad Allaoui dans une position délicate, l'obligeant le cas échéant à recourir au jeu des alliances s'il entend conserver son poste. Plus encore, la nouvelle carte politique n'est pas pour arranger les affaires des USA qui devront composer avec un exécutif fondamentaliste chiite, avec tous les risques qui peuvent en découler sur l'équilibre des pouvoirs entre la communauté au pouvoir et les sunnites qui ont suivi le mot d'ordre de boycott, pour une raison ou une autre. Précédant un tel cas de figure, le président Bush avait, au lendemain des élections du 30 janvier dernier, appelé les chiites à associer les sunnites à l'exercice du pouvoir. Une équation qu'il sera difficile de résoudre dans un pays confronté à une violence quotidienne. Hier matin, quatre soldats irakiens ont été tués dans l'explosion d'une moto piégée au passage de leur véhicule dans le centre de la ville méridionale à majorité chiite de Bassorah. Vendredi soir, deux soldats américains ont été tués et quatre blessés dans l'explosion d'une bombe au passage de leur patrouille près de Baïji, au nord de Bagdad. C'est dire que la résistance ne semble pas prête à baisser les bras malgré un taux de participation appréciable au dernier scrutin. Loin de donner des signes d'apaisement, le climat sécuritaire demeure très tendu en Irak et le rapt de journalistes occidentaux continue de constituer une action stratégique des groupes armés. Un mois après la disparition le 5 janvier en Irak de la journaliste française du quotidien Libération, Florence Aubenas et de son guide Hussein Hanoun Al-Saâdi, sa consoeur italienne de 56 ans, Giuliana Sgrena, a été enlevée vendredi en plein jour du centre de Bagdad. L'Organisation du jihad islamique, un groupe encore inconnu, a revendiqué dans un communiqué sur un site Internet islamiste le rapt de l'Italienne. Revendiquant comme à l'accoutumée le retrait des troupes italiennes d'Irak sous 72 heures, l'ultimatum devrait expirer demain soir, les auteurs de ce kidnapping menacent d'exécuter l'otage. Les deux journalistes, française et italienne, font l'objet disent les autorités de leurs pays respectifs, de négociations, mais aucun signe de fin heureuse de leur séquestration n'est, pour l'heure, évoqué par les plus hauts responsables de ces deux pays.