Le spectre d'un baril à 10 dollars, après avoir taraudé les esprits des pays producteurs membres de l'Opep, terrifie désormais les pays non-membres notamment la Russie qui, jusqu'à présent, n'a pas participé activement à l'effort commun déployé par les pays exportateurs pour soutenir les cours. Cette dernière avait récemment décidé une baisse symbolique de 50.000 barils par jour. Une baisse de production jugée insuffisante par le cartel qui s'attendait à une décision plus significative du deuxième exportateur de pétrole mondial avec pas moins de 7 millions de b/j. Inquiets par la récession qui touche l'économie mondiale et par ses répercussions sur le marché pétrolier, les analystes tablent sur une réduction de l'offre à hauteur de deux millions de barils par jour pour pallier la baisse de la demande et amener les prix à se stabiliser autour des 20 à 25 dollars. Les membres du cartel avaient offert de baisser leurs productions, encore une fois, d'un million et demi de barils par jour à condition toutefois que les autres pays exportateurs contribuent, à leur tour, à baisser la leur de 500.000 b/j. Devant la menace d'un repli fâcheux des cours du brut au second semestre de l'année 2002, le Mexique et la Norvège, soucieux des conséquences désastreuses que pourrait occasionner sur leur économie un prix à 10 dollars, ont décidé une réduction de 100.000 b/j pour le Mexique et de 150.000 b/j pour la Norvège. Le marché pétrolier attend actuellement que la Russie assouplisse sa position et accorde une réduction plus importante pour mettre fin au bras de fer voilé qui l'oppose à l'Opep. Contrairement à beaucoup de pays, comme l'Algérie, qui dépendent dangereusement des recettes pétrolières, il semble que l'administration Poutine ne semble pas appréhender tant que cela la faiblesse des cours. La Russie s'est même dotée, vendredi, d'une loi de finances très optimiste, si l'on conçoit la mauvaise conjoncture économique internationale pour l'année 2002. Elle prévoit une croissance économique de 4,3% et des dépenses sociales assez importantes. Les Russes espèrent, cependant, que les cours évolueront au-dessus de 17 dollars sans quoi, ils devront recourir au FMI. Ce qui risquerait d'arriver si, d'ici au 1er janvier prochain, les pays exportateurs ne s'entendaient pas sur le volume de 2 millions de baisse de production. Conscients que la balle est désormais dans leur camp, les Russes promettent, par le biais de leur Premier ministre Mikhaïl Kassianov, d'examiner la semaine prochaine, avec les dirigeants des principales compagnies pétrolières russes, une éventuelle réduction des exportations au premier trimestre 2002. L'objectif serait, selon eux, d'arriver à un «prix juste» se situant entre 20 et 25 dollars. Il reste maintenant à savoir si la réduction sera à la hauteur des attentes des autres pays producteurs et si elle sera décidée, comme l'avait résolu l'Opep, le 1er janvier 2002.