Sa réputation dépasse aujourd'hui son Béchar natal. Sur initiative de l'établissement Arts et Culture, le désert s'invite mercredi prochain à la salle Ibn Khaldoun sous ses plus beaux rythmes traditionnels. Un événement! Hasna El Bécharia, la célèbre chanteuse et guitariste y dressera son bivouac mélodique pour une nuit magique. Comme là et au-delà des frontières, Hasna l'auguste, la reine du Sud, fera certainement sensation. Celle que l'on s'arrachait aux banquets et aux mariages, entourée de ses copines, par timidité, fera vite parler d'elle. Sa réputation dépasse largement aujourd'hui la petite ville de Béchar, frontalière du Maroc. En moins de 4 ans d'existence, Hasna se fait connaître à Béchar, lors d'un grand concert animé devant un auditoire uniquement féminin. Et quand des années plus tard, on lui proposera d'enregistrer un disque, c'est avec beaucoup de peine qu'elle acceptera. En janvier 1999, Hasna arrive à Paris, invitée par le Cabaret sauvage dans le cadre du festival d'Algérie, les organisateurs du spectacle sont fascinés par sa musique et décident de la programmer chaque soir. Une légende est née, si on pouvait comparer, on dirait que c'est l'Algérie par son côté traditionnel qu'elle véhicule. A une exception près, Hasna joue de la guitare électrique ! Un exploit, une singularité bien à part. Elle est en effet une femme du désert, libre. Héritière des musiques du sud algérien, bédouine, gnawa, berbère ou même de variétés marocaine et algérienne, Hasna se fait porte-parole atypique de son Béchar natal. Armée d'une guitare et de sa voix presque masculine et d'une volonté artistique de fer, entourée de musicien(ne)s, elle se distingue de tous les clichés de la musique maghrébine. Sa musique est un furieux assortiment de tradition séculaire et de sons venus d'ailleurs. Elle chante des standards populaires et des compositions personnelles en s'accompagnant à la guitare mais aussi du gombri, instrument réservé aux hommes qu'elle a appris en cachette. Elle est la seule femme algérienne à jouer de cet instrument. Nostalgique, sérieuse et souriante, cette musique de voix, cordes et percussions ouvre une porte tranquillement moderne sur les mélopées populaires du Sud. Hasna allie sagesse et naturel aux saveurs universelles. Le moderne côtoie le traditionnel en toute simplicité. L'art local est «tranquillement» rehaussé de notes occidentales. Mais Hasna transcende les genres, elle chante et joue, pour elle, pour le plaisir et pour les autres, bien sûr. Il ne faudrait pas manquer donc son concert prévu à 20h30. Ce sera pur bonheur!