Elle conteste la loi électorale et la commission indépendante de surveillance des élections. C'est du tac au tac. L'opposition et le pouvoir s'échangent des tirs croisés. Les dernières dispositions de la nouvelle Constitution n'ont pas eu l'effet escompté. L'opposition accuse de nouveau le pouvoir de n'avoir pas tenu ses engagements en consacrant plus d'ouverture démocratique. Irrités par le contenu des projets de lois portant sur le régime électoral et la commission indépendante de surveillance des élections, l'opposition brandit, d'ores et déjà, la menace de boycotter les élections législatives de 2017. A dix mois de ce rendez-vous crucial, les partis de l'opposition anticipent d'avance les faits. «Nous allons prendre une décision de participer ou pas aux élections législatives lors d'un conseil consultatif du parti qui se réunira prochainement», a soutenu Naâmane Laouer, député du Mouvement de la société pour la paix (MSP). Le président du Front de la justice et du développement, Abdellah Djaballah, a appelé carrément les partis politiques à prendre une position pour s'opposer à ce projet qui va étouffer la liberté de l'exercice politique. «La classe politique est appelée à prendre une position claire devant l'opinion publique pour dénoncer les manoeuvres du pouvoir», a-t-il insisté dans une déclaration au journal. Le leader de la mouvance islamiste estime qu'avec le nouveau régime électoral, les partis sont condamnés à ne pas participer. «Ils veulent tuer le multipartisme», a-t-il martelé en précisant que la loi en question exige des partis d'avoir obtenu 5% des suffrages lors de la dernière élection, ce qui est impossible, selon lui. «Les seuls partis qui ont obtenu ce taux sont le FLN et le RND», a soutenu Djaballah. A défaut des 5%, la loi autorise les partis à recourir à des signatures. Il y a lieu de souligner, que le projet de loi stipule que le parti doit justifier de 10 élus au niveau local ou de 50 signatures pour chaque siège au niveau de sa circonscription électorale pour les locales et de 250 signatures pour chaque siège pour les législatives. Pour le cheikh Djaballah ne pas se présenter sous sa casquette partisane est une chose inconcevable. Ainsi, le parti n'exclut pas l'option du boycott comme il l'a fait lors des élections locales de 2012. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ne dissimule pas son intention de boycotter les prochaines législatives. Les partis de l'opposition sont unanimes à dire que le nouveau régime est conçu de manière à compliquer davantage les choses pour eux. Ces derniers contestent avec force les articles 73 et 94 qui clarifient les conditions de participation. Le pire est que les partis qui siégent au Parlement n'ont aucune chance d'apporter des amendements à ce projet. Les députés de l'opposition n'auront pas suffisamment le temps pour prendre la parole et éplucher le projet portant sur le régime électoral et celui portant sur la commission indépendante de surveillance des élections. Ce n'est pas tout, l'opposition reproche aussi au pouvoir d'avoir refusé de lui remettre le fichier électoral national pour pouvoir vérifier l'authenticité des résultats.