Ces départs, ces nominations d'intérimaires interviennent dans un contexte économique précaire. «Ils sautent comme des bouchons de champagne.» Cette expression du défunt Mohammed Abderrahmani, ancien directeur d'El Moudjahid, s'applique bien aux P-DG et DG de nos entreprises publiques. La journée d'hier a vu le départ de deux responsables. Le P-DG du groupe Saidal, Mohamed Hamouche a été remercié après sept mois d'exercice à la tête de cette entreprise en remplacement de Boumediene Derkaoui. Le départ de M. Hamouche a été prédécédé par celui du directeur du Centre de recherche et du développement du même groupe, en l'occurrence M. Bouda qui, lui aussi, n'a pas bouclé son septième mois au CRD Saidal. Selon des sources proches du groupe, M.Hamouche aurait été limogé à cause de la gestion jugée «catastrophique». Une situation, ajoutent ces mêmes sources, qui a poussé des dizaines de cadres à quitter la société. Or, le désormais ex-P-DG, n'est pas un novice puisqu'il a fait ses classes au sein de ce fleuron du médicament en Algérie. Connu pour être compétent et maîtrisant parfaitement son domaine, il faut donc chercher ailleurs les raisons de son départ. S'agissant des cadres qui quittent le groupe, le phénomène n'est pas nouveau au sein du groupe Saidal qui a effectivement perdu des dizaines de compétences inestimables pour des raisons diverses. Le deuxième responsable qui a quitté son poste hier, a été le directeur général de l'Autorité de régulation des postes et télécommunications Mohamed Toufik Bessaï, nommé à la tête de l'Arpt depuis 2013. Les mêmes spéculations expliquent le départ de M.Bessaï en raison de la mauvaise gestion des coupures des réseaux sociaux pour éviter des fuites des sujets du baccalauréat. Or, son départ a été évoqué il y a de cela plusieurs jours bien avant le début des examens du baccalauréat. De plus, un communiqué officiel de la tutelle a bien souligné que M. Bessaï «avait exprimé le souhait de rejoindre à nouveau le monde universitaire afin de se consacrer à l'enseignement du droit de régulation après la longue expérience acquise sur le terrain». La ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Houda-Imane Feraoun, a procédé hier, à l'installation de Mohamed Ahmed Nacer en qualité de président du Conseil de l'Arpt en remplacement de M.Bessaï. Professeur des universités, Mohamed Ahmed Nacer est membre du Conseil de l'Arpt depuis le 15 avril 2012. Ces départs, ces nominations d'intérimaires interviennent dans un contexte économique précaire. En effet, l'Algérie peut-elle se permettre le luxe de laisser des entreprises aussi stratégiques comme Sonelgaz, la Banque extérieure d'Algérie (BEA), Mobilis et Algérie télécom sans P-DG? Cette situation résume à elle seule les dysfonctionnements de l'économie algérienne et les imperfections de la démarche des pouvoirs publics. La certitude est qu'il ne s'agit pas d'une pénurie de cadres, mais à ce rythme on risque d'y arriver.