Une épineuse question qui tend à empoisonner le climat social Il y aura la création de «postes de haute pénibilité» de telle manière qu'on fera bénéficier les travailleurs qui y exercent d'un statut particulier. Le gouvernement et l'Ugta coupent la poire en deux. De sources proches de la Centrale syndicale on a appris hier qu'un groupe de travail a été installé dernièrement et s'attelle à formuler plusieurs propositions sur cette épineuse question des retraites qui tend à empoisonner le climat social. Nos sources indiquent que parmi les propositions phares de ce groupe de travail figure la création de «postes de haute pénibilité» de telle manière qu'on fera bénéficier les travailleurs qui y exercent d'un statut particulier». Notre source cite à ce propos «les mines, les chemins de fer, les hauts fourneaux et les forages pétroliers. Il a précisé que cet aspect sera pris en compte dans la nouvelle loi qui instituera le départ à la retraite à l'âge de 60 ans». «Le groupe de travail a proposé à ce qu'il y ait un abattement sur l'âge légal du départ à la retraite pour cette catégorie de travailleurs et qui sera affinée pour ne léser personne», a ajouté notre source appelant les travailleurs actifs à faire preuve d'un peu plus de solidarité envers la frange retraitée. «La CNR est aujourd'hui dans une situation financière très difficile et ce sont près de 3 millions de retraités qui risquent de ne pas toucher leur pension. Nous ne voulons pas nous retrouver dans une pareille situation dramatique.» Le départ à la retraite sans condition d'âge est une mesure transitoire qui était destinée à atténuer les effets du Plan d'ajustement structurel (PAS). En 1994, le FMI avait exigé de l'Algérie de licencier un million de travailleurs et c'était l'Ugta qui avait trouvé cette solution miracle de la «retraite anticipée». Depuis, le provisoire a duré et ce sont surtout les cadres qui ont largement profité de cette largesse. Des milliers de cadres ont fait valoir leur droit à la retraite anticipée bénéficiant de centaines de millions pour ensuite reprendre le poste de conseiller dans la même entreprise avec des salaires mirobolants. Le fait existe actuellement dans plusieurs entreprises publiques. «Si on continue avec ce même mode de fonctionnement, même ceux qui prétendent à la retraite anticipée ne percevront pas leur pension. Il faut donc mettre un peu d'ordre», tranche notre source. Selon Mohamed Lakhdar Badredine, conseiller aux affaires économiques et sociales du secrétaire général de l'Ugta, le maintien du départ à la retraite sans limite d'âge est devenu un «risque» pour l'avenir de la Caisse nationale des retraites (CNR).. Nous sommes de ceux qui ont toujours considéré que l'ordonnance 97-13 du 31 mai 1997 instituant le départ à la retraite sans limite d'âge a été un acquis pour les travailleurs, mais aujourd'hui elle est devenue un risque pour l'avenir de la CNR, notamment en ce qui concerne son équilibre financier», a précisé M.Badredine. Affirmant que la retraite demeure un «droit syndical», M.Badredine a estimé qu' «il est maladroit d'agir de manière ouvriériste», appelant à prôner une «vision d'avenir à même de préserver les équilibres financiers de la CNR ainsi que les droits des retraités.» Dans ce sillage, M. Badredine a regretté la position des autres syndicats qui se disent «opposés» à la suppression de la retraite sans limitation d'âge, faisant observer que dans tous les pays, l'âge de la retraite est décalé, comme en Angleterre (67 ans) ou en France (62 ans), alors qu'en Algérie où la population est jeune, l'âge de départ est de 50 ans. M. Badredine a assuré que c'est après étude et réflexion qu'un consensus s'est dégagé pour rétablir le départ à la retraite à l'âge de 60 ans, ce qui permet, a-t-il réitéré, de préserver les pensions des retraités. La dernière rencontre tripartite (gouvernement-Ugta-patronat) du 5 juin dernier, a considéré que dans le souci de préserver et consolider le système national de retraite, les conditions actuelles ne permettent plus le maintien du dispositif de départ à la retraite sans condition d'âge, institué par l'ordonnance 97-13 du 31 mai 1997. Enfin, s'agissant de la suppression de l'allocation de fin de carrière pour les retraités, M. Badredine a qualifié ce qui se dit à ce sujet de «rumeurs négatives». «Je rassure les travailleurs que l'allocation de fin de carrière est maintenue car c'est un acquis conventionnel et pas un acquis du gouvernement», a-t-il dit, précisant que cette indemnité est négociée entre les syndicats et les entreprises économiques. Il a également précisé que les travailleurs de la Fonction publique ne bénéficient pas de cet acquis, lequel est propre aux entreprises économiques qui rémunèrent la fidélité de leurs compétences.