Entre l'hostilité à la suppression de la retraite anticipée et le risque d'aggravation des difficultés de trésorerie de la CNR, le gouvernement devra trouver une solution qui rassurera tout le monde. Les travailleurs considèrent la retraite anticipée comme un acquis incompressible alors que la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR), affiliée à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), soulève des difficultés menaçant la pérennité de la CNR. Le secrétaire général de la fédération, Smaïl Boukhris, a expliqué que la décision du gouvernement concerne la retraite proportionnelle et la retraite sans condition d'âge. Quant à la retraite anticipée, prévue par le décret législatif n° 94-10 du 26 mai 1994, elle n'est pas concernée par l'abrogation, a-t-il fait savoir. Le décret l'instituant détermine les conditions dans lesquelles un salarié bénéficie d'une mise à la retraite de façon anticipée durant une période pouvant atteindre dix années avant l'âge légal d'admission à la retraite. «Les dispositions sont applicables à tous les salariés du secteur économique susceptibles de perdre leur emploi de façon involontaire, pour raison économique et dans le cadre soit d'une compression d'effectif, soit d'une cessation légale de l'activité de l'employeur», indique le décret. Ces dispositions peuvent être étendues aux salariés des institutions et administrations publiques par un texte particulier. L'admission à la retraite anticipée des salariés qui remplissent les conditions fixées par le décret législatif est subordonnée au versement préalable par l'employeur d'une contribution forfaitaire d'ouverture des droits qui est calculée en relation avec le nombre d'années d'anticipation dans les limites définies. Cette contribution peut aller de 13 à 19 mois de salaire du concerné. Craintes Boukris défendra en revanche la caisse en relevant que sur dix départs à la retraite, sept sont de type anticipé. Sur les nouveaux dossiers de retraite déposés, 70% des concernés n'ont pas atteint l'âge de départ à la retraite. Cette situation, préviendra Boukris, met en péril la CNR qui ne pourra plus verser de pensions dans un délai maximal de deux ans. «Nous avons donc le droit de défendre la pérennité de la caisse», a-t-il soutenu. Il pense que l'Etat est en mesure de trouver des solutions pour la question de la retraite anticipée. Il propose ainsi la révision de l'article 7 de la loi 83-12, relative à la retraite, afin de définir une liste de métiers reconnus pour leur pénibilité comme le travail au Sud et le secteur minier. L'Etat doit élaborer un arrêté sur ce point pour tirer au clair cette question de retraite anticipée. En revanche, le Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) conteste la suppression de la retraite anticipée. Il annonce «une rentrée scolaire très chaude et compromettante, si le gouvernement persiste à faire adopter les résolutions de la 19e tripartite, à savoir la révision du système de retraite et l'ordonnance 97/03 fixant la retraite proportionnelle». Le Snapap fait appel aux syndicats autonomes et aux travailleurs des différents secteurs pour réagir et appeler au maintien des acquis sociaux. «Le départ en retraite anticipée doit rester un choix du travailleur», a estimé Idriss Mekidèche, responsable de la communication au Snapap. Le déficit de la CNR et le problème du chômage ne seront pas résolus avec une telle mesure, pense-t-il.