Cet événement donne à l'Algérie l'opportunité de renégocier son Accord d'association avec une Union européenne appelée à être remodelée. C'est à peine si les nuages ont commencé à se dissiper qu'un gros orage a éclaté. La remontée des prix du pétrole qui de temps à autre connaît une panne vient d'en subir une qui risque de la compromettre de façon durable. La sortie de la Grande-Bretagne de l'UE a fait plonger le pétrole. Il se retrouve nettement sous la barre des 50 dollars alors qu'il donnait l'impression d'avoir mis la marche avant. Hier vers 10h00, heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août s'échangeait à 48,69 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Soit un recul de 2,22 dollars par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance cédait 2,15 dollars pour se négocier à 47,96 dollars. Le Brexit est passé par là. Si cet événement fragilise davantage l'Algérie déjà très impactée par la dégringolade des cours de l'or noir, il lui donne, par contre, l'opportunité de renégocier son Accord d'association avec une Union européenne appelée, sans doute, à être remodelée. Si les relations avec les Britanniques sur le plan commercial ne doivent vraisemblablement pas en souffrir, il n'en est pas de même avec leurs désormais ex-associés de l'UE. C'était déjà dans l'air. Des correctifs à l'Accord d'association qui lie l'Algérie à l'UE depuis plus de dix ans étaient pressentis tant le déséquilibre entre les deux partenaires qui penche en faveur des Européens est phénoménal. Entre 2005 et 2015 les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l'UE n'ont pas atteint 14 milliards de dollars tandis que ses importations, du continent européen, se sont élevées à 220 milliards de dollars. «Sur 10 années, le cumul des exportations algériennes hors hydrocarbures (HH) vers l'UE n'a même pas atteint les 14 milliards de dollars alors que le cumul des importations s'est chiffré à 220 milliards de dollars avec une moyenne annuelle de 22 milliards de dollars», indiquent des statistiques de l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex) rendues publiques le 21 juin 2016. Mais en attendant qu'il soit procédé à un tel réajustement, ce qui inquiète le plus c'est cet inattendu plongeon des prix du pétrole qui donne des sueurs froides et fait vivre des cauchemars au pays dont la trésorerie ne cesse de s'éroder au fil des chiffres égrenés par des communiqués de la Banque d'Algérie, du grand argentier du pays ou du Centre national de l'informatique et des statistiques. Le dernier fait état de près de 10 milliards de dollars de déficit pour les cinq premiers mois de l'année. «Le déficit commercial de l'Algérie a atteint 9,8 milliards de dollars sur les cinq premiers mois de l'année 2016 contre un déficit de 7,23 milliards de dollars à la même période de 2015, soit une hausse du déficit de 35,5%», indiquaient les données du Cnis publiées le 20 juin dernier qui soulignait que les exportations des hydrocarbures avaient baissé de plus de 5 milliards de dollars entre le mois de janvier et le mois de mai 2016. Pour un pays dont les revenus dépendent essentiellement de ses ventes de pétrole et de gaz à l'étranger il y a de quoi s'alarmer avec ce coup de massue que viennent d'asséner les Britanniques aux marchés financiers internationaux. On signale des chutes du même ordre de grandeur qu'au moment de la faillite de la banque américaine Lehman Brothers en 2008, lorsque le baril qui avait établi un record historique, plus de 147 dollars en juin s'est retrouvé à moins de 34 dollars en décembre de la même année. Les prix du pétrole peuvent-ils rebondir? «Vu la flambée conséquente de l'aversion au risque, il sera probablement difficile pour les cours de redépasser les 50 dollars le baril à court terme», estiment les experts du second groupe bancaire allemand, Commerzbank. «Le vote en faveur du Brexit est susceptible de n'avoir qu'un effet baissier léger sur l'équilibre entre l'offre et la demande du marché pétrolier dans un contexte de rééquilibrage général et de resserrement de ce marché qui se poursuit à une échelle bien plus significative», indiquait Bjarne Schieldrop, analyste chez Seb Markets. Il est à espérer que la tempête ne durera pas trop longtemps et que l'Algérie puisse tenir le choc...