La situation en Israël et dans les territoires palestiniens occupés a connu, ces dernières quarante-huit heures, une recrudescence de la violence sans précédent. Cette spirale de la violence fait suite à l'assassinat, le 24 novembre dernier, du chef de la branche militaire du Hamas, Mahmoud Abou Hannoud. Cette soudaine dégradation de la situation au Proche-Orient n'est pas, en vérité, le fait du hasard et est concomitante à la prétention du chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon, de «mater» l'intifadha palestinienne notamment par l'assassinat ciblé de responsables militaires et politiques palestiniens. Même le leader palestinien, Yasser Arafat, serait dans le collimateur du chef du Likoud, le parti de droite au pouvoir en Israël. Si les choses sont entrées aujourd'hui dans cette phase incontrôlable de représailles et contre-représailles, c'est bien parce que les autorités israéliennes, et quelque part la communauté internationale, ont voulu réduire une lutte pour la survie d'un peuple à une simple question de police et de terrorisme. De fait la réaction «unanime» de l'Occident condamnant les attentats «terroristes» de Haïfa et de Jérusalem est symptomatique du fait que ceux-là mêmes qui pouvaient rééquilibrer les choses abondent dans le sens voulu par Israël confortant l'irrédentisme de l'Etat hébreu. De fait, il n'y eut point de réactions aussi fermes après la mise en pratique, par Sharon, des assassinats ciblés (une soixantaine de dirigeants palestiniens depuis novembre de l'an dernier), pourtant fermement condamnés par l'ONU et les institutions internationales. Aussi, l'assassinat de Mahmoud Abou Hannoud a-t-il mis le feu aux poudres transférant ainsi l'Intifadha au coeur même du bastion israélien. En fait, en voulant dompter la révolte des pierres des Palestiniens (Intifadha), Ariel Sharon n'aura fait que susciter la détermination des Palestiniens à combattre par tous les moyens pour leurs droits spoliés, depuis plus d'un demi-siècle, par les Israéliens. En voulant la paix, sans céder la terre, principe sur lequel étaient fondés les accords intérimaires d'Oslo, (qui mirent en branle le processus de paix au Proche-Orient), les gouvernements israéliens successifs, depuis la signature en 1993 des accords d'Oslo, n'ont, non seulement, pas honoré leur engagement, mais auront aussi préparer le lit de la spirale de violence qui embrase depuis septembre 2000 tout le Proche-Orient. C'est cela le noeud gordien de la problématique proche-orientale: le refus des Israéliens de reconnaître aux Palestiniens le droit d'ériger leur Etat dans les territoires occupés. Or, l'impuissance de la communauté internationale à faire valoir les droits du peuple palestinien à l'érection de leur Etat, conjuguée au veto américain pour la mise en place d'une force multinationale d'interposition entre les deux belligérants, ont, outre d'avoir laissé libre cours à la répression israélienne dans les territoires occupés, ouvert la voie à tous les dépassements. En voulant laisser Israël seul juge des solutions à rapporter au contentieux proche-oriental, la communauté internationale, et plus vraisemblablement les Etats-Unis, ont autant démissionné de leur responsabilité, que, livré un peuple désarmé à la barbarie d'une armée israélienne qui utilisa contre la pierre des adolescents et des enfants palestiniens, les missiles, les chars et les hélicoptères d'assaut. Et c'est surtout cela le vrai scandale que l'Occident refuse de voir pour ne pas embarrasser Israël et leur protecteur américain. Les attentats d'hier et de samedi ne sont, aussi, que la conséquence de l'aveuglement d'une communauté internationale impuissante à prendre ses responsabilités en faisant obligation à Israël de se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, comme elle le fit si bien en imposant à l'Irak de se retirer du Koweït. Il n'y a pas de raison pour que ce qui est obligatoire pour Baghdad ne le soit pas pour Tel-Aviv. Les Palestiniens se battent pour la reconnaissance de leurs droits, et tant que ceux-ci ne seront pas garantis par les Nations unies, il est patent que la spirale de la violence s'alimentera d'elle-même. Et c'est la communauté internationale qui en portera la responsabilité car elle n'aura pas assumé le rôle attendu d'elle.