patrie et foi font bon ménage Les Annabis conformément aux préceptes de l'islam et aux principes du nationalisme ont célébré la fête de l'indépendance et l'Aïd El Fitr dans la piété... Les affres du quotidien et les conditions socio-économiques qui ont marqué le mois sacré de Ramadhan, n'ont nullement affecté l'esprit nationaliste, encore moins religieux, des Annabis, qui ont célébré la fête de l'indépendance, de la jeunesse et de l'Aïd El Fitr, dans un climat de recueillement et de ferveur à travers toutes les localités de la wilaya. L'ambiance des grands jours de fête a été palpable durant ce week-end prolongé. L'effervescence des derniers jours du mois sacré, marquée par les préparatifs de l'Aïd El Fitr, achats de vêtements et préparation de gâteaux, n'a pas empêché les Annabis de considérer le 5 Juillet 1962, fête de Libération nationale à sa juste valeur. Hymne national, recueillement pour les chouhada et hommage aux moudjahidine, et autant de gestes de reconnaissance à l'égard de ceux qui ont payé le lourd tribut, pour que les Annabis et leurs concitoyens à travers l'Algérie jouissent d'une indépendance méritée ont été au programme de cette fête nationale. Une célébration sur fond de détermination et de préservation sans équivoque de cette liberté chèrement payée. Un sentiment renforcé par la foi de tout un chacun, quant au rôle des préceptes de la religion dans le renforcement des rangs. Car la fête de l'Aïd El Fitr, c'est aussi une bonne occasion de se réconcilier et de faire passer un message de paix à tout le monde. D'ailleurs, cela a été le cas à Annaba où paix et réconciliation ont été les principes de la prière de l'Aïd El Fitr. Ce dernier, signe de l'accomplissement et de la fin du troisième dogme de l'islam. Un événement célébré dans la joie et la fraternité. A la veille de cette fête, une effervescence particulière a régné dans les artères commerciales d'Annaba. Les boulangeries, particulièrement, ont été littéralement «pillées» mais sont restées ouvertes pour accueillir les plateaux de gâteaux destinés à la cuisson que quelques citoyens s'évertuaient encore à porter en équilibre sur leur tête, l'incontournable et basique «makroud». Il y en avait pour tous les goûts et toutes les saveurs. Les salons de coiffure, quant à eux, ont connu leur pic d'affluence. Au matin de l'Aïd, ce sont des processions de croyants en gandoura immaculée qui ont gagné les mosquées de toute la wilaya d'Annaba pour la prière de l'Aïd. Les imams ont consacré leurs prêches de cette fête religieuse aux valeurs de fraternité et de réconciliation entre les musulmans. Juste après la prière, les rues ont été prises d'assaut par des nuées d'enfants lesquels exhibaient avec fierté leurs habits neufs tout en comptant les sous de «Mehbet El Aïd» amassés ici et là au gré des visites et des rencontres. Si l'Aïd Esseghir en tant que fête religieuse est un moment festif familial, elle se veut aussi être celle des enfants car ils sont les rois de cette journée. Les photographes, vendeurs de bonbons et de jouets ont compris cette dimension et ont, comme à l'accoutumée, été au rendez-vous au niveau de toutes les places publiques. Le Cours de la révolution notamment, cette vitrine est le coeur de la ville d'Annaba où a régné une joie juvénile s'est transformée en un vaste parc land, où des jeux sont proposés, tels des parties de kwade, de moto ou une montée à cheval, le tout immortalisé par des photos instantanées. Tout au long de la journée, ce fut la tournée chez les proches, tradition par excellence de l'Aïd, ce qui explique le trafic assez dense dès le début de l'après-midi. D'ailleurs, le dispositif mis en place par, la sûreté de wilaya d'Annaba a régulé la fluidité du trafic routier. Le mercure en baisse a encouragé les téméraires à sortir accomplir la rituelle visite aux cimetières. Une tradition que les Annabis accomplissent pour les uns le premier jour et, pour les autres le deuxième jour de l'Aïd. Outre le repas spécial Aïd, l'indétrônable «couscous» ou «chakhchoukha» caractérisant les habitudes annabies, c'est aussi l'élan de solidarité qui fait la spécificité de cette journée. En effet, cette fête religieuse représente aussi une dimension sociale, autre que le jeûne. Joignant la récompense à l'épreuve d'abstinence et le sentiment du devoir accompli, le jeûne en l'occurrence, le sens du devoir envers autrui, est aussi une dimension des actes des habitants de Lalla Bouna. En sus, des associations caritatives, les comités de quartiers, le Croissant-Rouge et les scouts musulmans algériens, des citoyens ont toujours marqué la générosité des jours de l'Aïd en visitant les malades hospitalisés, notamment les enfants. Les centres pour personnes âgées ont également été visités par de nombreux citoyens qui ont voulu passer des moments conviviaux avec les personnes âgées dont bon nombre ont été abandonnées par leurs propres enfants, sans aucun scrupule. Un tel geste de générosité rend un grand sourire aux pensionnaires de ces hospices, à plus forte raison lorsqu'il s'agit d'un jour de l'Aïd. L'ambiance aurait atteint son comble à Annaba si la plupart des boulangeries et des magasins d'alimentation générale n'ont pas préféré garder leurs rideaux baissés. Narguant de ce fait, les mises en garde du ministère du Commerce quant aux sanctions pouvant être prises à l'encontre des commerçants en charge d'assurer la permanence durant les deux jours de l'Aïd. En tout cas, ils ont été rares, les commerçants qui ont pensé à leurs clients. Selon les témoignages de certains, les quelques boulangeries restées ouvertes, ont été prises d'assaut, mais ne sont pas parvenues à satisfaire la forte demande en cet aliment de base. Une situation devenue habituelle pour les Annabis. Puisque, faut-il le signaler, les employés des boulangeries habitent, pour la plupart, d'autres wilayas et rentrent chez eux pour passer la fête de l'Aïd. Une seule satisfaction en matière de prestations de service à mettre en exergue durant cette fête, ce sont les transports urbain et interurbain qui ont assuré la couverture des différentes liaisons et lignes. Il faut dire qu'à Annaba, l'Aïd est un autre jour. Car, très attachés aux valeurs ancestrales qui les singularisent, les Annabis, continuent, en dépit de toutes contraintes, de perpétuer la célébration de l'Aïd Esseghir dans une ambiance traditionnelle indescriptible.