L'Algérie est appelée à arbitrer le bras de fer américano-iranien. L'Algérie accueillera bientôt Hassan Robani, responsable iranien en charge du nucléaire pour le compte de son pays. Cette mission intervient alors que Téhéran est l'objet d'énormes pressions de la part des Etats-Unis et de l'Union européenne par rapport à son programme nucléaire. Les deux grandes puissances occidentales suspectent l'Iran de vouloir acquérir la technologie nécessaire pour la fabrication d'une bombe atomique. Le voyage de Robani entrera dans le cadre d'une demande de médiation auprès de l'Algérie dans la gestion de ce dossier sensible. La question a d'ailleurs été abordée par les plus hautes autorités des deux pays à l'occasion de la visite à Alger du président iranien, Mohamed Khatami, l'année dernière. L'Algérie avait, par la voix du président de l'APN, clairement signifié son soutien à l'Iran quant aux pressions qu'elle subissait et qu'elle subit toujours dans le cadre de ses activités de recherche sur le nucléaire. L'attitude d'Alger ne souffrait aucune équivoque, bien au contraire. A ce propos, l'Algérie a, de tout temps, dénoncé la politique des deux poids deux mesures appliquée par les Occidentaux sur la question, en mettant en exergue la passivité des Etats-Unis face aux agissements suspects d'Israël sur le dossier du nucléaire. Une position qui, faut-il le souligner, lui a valu une féroce campagne de presse, évoquant un prétendu arsenal d'armes de destruction massive qu'elle détiendrait. Ladite campagne a même été suivie par la visite à Alger, le 27 décembre dernier, d'une délégation de la troïka du G8, composée des ambassadeurs des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et le chargé d'affaires de l'ambassade française. L'objet de cette mission est d'amener l'Algérie à signer le protocole additionnel du Traité de non-prolifération nucléaire. Laquelle «s'est engagée en 2004 devant le conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique à signer le protocole additionnel», a souligné le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem. La polémique sur son programme nucléaire s'étant dégonflée, l'Algérie n'en est pas moins restée un médiateur de la crise qui couve entre Américains et Iraniens, même si l'Iran a tout de même signé le fameux protocole additionnel qui, établi en 1997 par l'Aiea, l'autorise à inspecter non seulement les installations en fonctionnement, mais également des lieux où elle n'avait pas accès en vertu du Traité de non-prolifération (TNP), comme des réacteurs arrêtés, des centres de recherche ou des usines fabricant des produits susceptibles de servir à un programme nucléaire. L'Algérie, au même titre que la Russie, est appelée à arbitrer le bras de fer américano-iranien, après le refus de Téhéran de souscrire à la proposition européenne d'abandonner la construction d'une centrale à eau lourde, en contrepartie d'un soutien de l'UE pour la réalisation d'une installation comparable à eau légère, celle-ci apportant la garantie de non-production de plutonium de qualité militaire. Pour l'heure, les craintes des Etats-Unis demeurent entières quant aux intentions réelles de l'Iran sur la question du nucléaire. Bénéficiant d'un préjugé positif auprès des Américains et des Iraniens, l'Algérie est donc sollicitée pour trouver une solution médiane à cette crise. Rappelons enfin, que ce n'est pas la première que notre pays intercède dans un différend entre les Etats-Unis et l'Iran. En 1981, la fameuse affaire des otages américains détenus dans leur représentation diplomatique à Téhéran a connu une fin heureuse grâce à une médiation algérienne. Les deux pays en conflit espèrent sans doute une réédition de l'exploit.