C'est le mal-être et l'amertume qui caractérisent Boutaleb, l'une des communes les plus pauvres de la wilaya. Les conditions de vie, très dures, et le manque d'eau sont le lot quotidien de la population ; la prise en charge sanitaire est carrément inexistante, et les enfants scolarisés ont du mal à rejoindre leurs différents établissements. Située à 80 km au sud du chef-lieu de wilaya, cette commune est la plus démunie et la plus lésée en matière de développement. L'isolement et l'enclavement lui sont imposés par Djebel Boutaleb, bastion des moudjahidine durant la guerre de libération et fief des terroristes sanguinaires durant la décennie noire. C'est durant cette dernière période que la destruction et la violence ont marqué la région, poussant la population à réagir en prenant les armes pour défendre terre et honneur, boutant ainsi les criminels hors de leur localité. La paix revenue, les 10 000 habitants du chef-lieu de commune et des villages aux alentours, tels Boukhalidj, Dar EL Beïda et d'autres, étaient en droit d'espérer une vie meilleure par une amélioration de leur quotidien. Mais hélas, cela reste du domaine du rêve, car la lutte pour la survie continue, et « la civilisation » n'a pas encore touché la région, et les carences sont innombrables. Concernant le domaine de l'hydraulique, un déficit monstrueux y est relevé ; l'eau potable, malgré les projets existants et les nombreux forages à la recherche du précieux liquide, demeure une denrée très rare, et la population souffre de la soif. Beaucoup pensent que c'est le relief de la région qui est à l'origine de cette sécheresse et estiment qu'un autre forage pourrait être l'issue à ce problème. En attendant qu'une quelconque solution soit trouvée, la population locale continue à avoir recours aux citernes chez les privés, ou à la location de camions pour s'approvisionner en eau potable à partir des régions avoisinantes, Magra (Msila), El Hamma etc. Il faut signaler que la citerne d'eau dépasse parfois les 1 200 DA. Parler de réseau AEP ou de robinet relève du blasphème, ce n'est que de l'encre sur du papier et belles paroles en l'air. Côté santé, ce n'est pas non plus une sinécure, les habitants de Boutaleb souffrent le martyre pour accéder aux soins. L'unique clinique de la région est dans l'incapacité d'assurer un minimum de service ; le manque d'équipements, de médicaments, et surtout d'encadrement médical en est la cause, malgré les efforts fournis par les employés. Pour se faire soigner, le citoyen est obligé de parcourir de longs trajets. Le volet éducation n'est guère reluisant. Les lycéens et autres collégiens continuent à se plaindre du manque de transport et des déplacements qui n'en finissent pas vers El Hamma pour rejoindre les bancs du lycée. Une action à l'effet de protester contre cet état de fait a été menée par les lycéens, lesquels ont demandé aussi la construction d'un lycée. Quant à l'unique collège de la localité, il croule sous le nombre considérable d'élèves, qu'il ne peut contenir. Des dizaines de jeunes ont dû « s'exiler », quitter leurs foyers pour rejoindre les centres urbains à la recherche d'un autre moyen de survie, fuyant ainsi la léthargie règnant à Boutaleb. Des familles entières, n'ayant pu endurer la dureté de la vie, ont entamé un véritable exode vers les centres d'habitation des alentours, comme Boukhalidja, Dar El Beïda, Béni Elmay… L'entrave majeure à l'évolution de la région, selon les décideurs locaux, est l'absence de rentrées financières et de la moindre richesse naturelle. La commune ne survit que grâce aux subventions de la wilaya. Les habitants demandent, à l'instar des autres régions, à bénéficier de quotas de logements ruraux. Ils sont dans une attente désespérée d'une quelconque amorce de développement.