Ce projet de loi fera encore parler de lui à la rentrée à l'occasion du débat parlementaire Qu'ils soient de l'opposition ou de la coalition, les partis accordent leurs violons en saluant sans réserve le principe. Elle fait l'unanimité. La liste des postes interdits aux binationaux ne fait pas l'objet de polémique. La classe politique affiche clairement son accord sur le principe d'interdire l'accès à certaines fonctions aux binationaux. Il reste cependant que beaucoup d'observateurs ne trouvent pas ladite liste assez exhaustive. Certaines fonctions qui ne peuvent être exercées que par des nationaux ne figurent pas sur la liste communiquée, avant-hier, par le Conseil des ministres. En fait, dans son projet de loi, le gouvernement s'est principalement intéressé à des postes dans la haute administration et la hiérarchie militaire. Mais il existe des fonctions qui mettent des responsables positionnés, en dehors des institutions publiques, mais dont la sensibilité de la fonction ne fait pas de doute. Il s'agit à titre d'exemple de chef de parti politique ou encore de propriétaire de médias. Ces deux niveaux de responsabilités et d'autres exercées dans le privé, bien évidemment, amènent des Algériens à se rapprocher sérieusement de l'Etat et se retrouver détenteurs d'informations sensibles qu'un binational n'est objectivement pas censé connaître. Cela pour dire que ce projet de loi fera encore parler de lui à la rentrée à l'occasion du débat parlementaire. Les politiques que nous avons approchés ont assez bien accueilli le texte. Qu'ils soient de l'opposition ou de la coalition, les partis accordent leurs violons en saluant sans réserve cette disposition. «Nous saluons ce nouveau dispositif qui cadre l'article 63 de la Constitution qui définit à titre limitatif les postes de haute responsabilité qui sont interdits aux binationaux», a soutenu, Hocine M.Khaldoun, porte-parole du FLN. Contacté par nos soins, ce membre de la direction de Saâdani, qui a contesté au départ l'article 51, a tenu à préciser à l'opinion publique que ce texte ne laisse aucune ambiguïté sur la nature des postes. «Ce n'est pas à la communauté nationale installée à l'étranger de revendiquer le poste de ministre de la Défense nationale ou celui du président du Parlement», a affirmé Khaldoun tout en rappelant que la Constitution octroie des droits aux Algériens résidant à l'étranger. Le Rassemblement national démocratique RND soutient quant à lui à fond cette disposition. «C'est un principe constitutionnel que nous allons défendre et nous le défendrons car il s'agit d'un acte majeur de souveraineté», a déclaré Seddik Chihab, porte-parole du parti. Joint par téléphone, M.Chihab a également rappelé que la Constitution a réservé une part importante à notre communauté nationale installée à l'étranger en matière de droit et de facilitation. Ce dernier a indiqué que la communauté nationale établie à l'étranger est une partie intégrante de la société et elle est la bienvenue dans tous les secteurs. Même son de cloche chez les partis de l'opposition. «C'est une bonne décision dans la mesure où elle ne prend pas en compte les postes techniques», a estimé Naâmane Laouer, député du MSP qui soutient qu'il est anormal qu'un haut responsable ait la double nationalité. Pour notre interlocuteur, les binationaux peuvent occuper des postes techniques et de second rôle mais pas des postes de décision. Le député d'Ennahda Youcef Khababa partage le même avis. «Je cautionne personnellement cette disposition», a -t-il dit en préambule. M.Khebaba pense que les Algériens qui veulent occuper un poste de responsabilité n'ont qu'a choisir une nationalité. «Je crois que chaque nation a le droit de prendre des dispositions pour sauvegarder sa souveraineté; ce n'est pas garant pour toutes les nations», a-t-il mentionné. Lors du Conseil des ministres tenu mardi dernier, le sujet des binationaux qui a suscité une vive polémique a été scellé une bonne fois pour toutes. Un projet de loi fixant comme condition sine qua non la nationalité algérienne pour accéder à des postes de responsabilité a été validé. Conformément à l'article 63 de la Constitution, ce projet définit clairement les postes qui sont interdits aux binationaux. Les dispositions de ce texte concernent les présidents des deux chambres du Parlement et le président du Conseil constitutionnel, le Premier ministre et les membres du gouvernement, les présidents de la Cour suprême et du Conseil d'Etat, le gouverneur de la Banque d'Algérie, les responsables des organes de sécurité ainsi que le président de la Haute instance indépendante chargée de la surveillance des élections, précise un communiqué du Conseil des ministres.