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L'homme aux multiples vocations BOUALEM BESSAIH, MINISTRE D'ETAT, CONSEILLER SPECIAL ET REPRESENTANT PERSONNEL DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, NOUS A QUITTES
Le dernier hommage Il a pris part, en sa qualité de chef de la diplomatie algérienne à l'historique accord de Taif qui avait mis un terme à la guerre du Liban. Il était à la fois combattant, homme d'Etat et grand diplomate. Boualem Bessaih est né avec et pour l'Algérie, pourrait-on dire. Jusqu'à son dernier souffle, il était encore au service du pays. Nommé par le président de la République ministre d'Etat, conseiller spécial et son représentant personnel, Boualem Bessaih aura donc confirmé la confiance que lui vouait Abdelaziz Bouteflika. La confiance est certainement le capital inestimable de cet homme qui, en rejoignant l'Armée de libération nationale en 1957, a naturellement bénéficié de la confiance des hommes les plus secrets de la révolution. Abdelhafid Boussouf dirigeait les services secrets de l'Algérie combattante. Il était entouré de cadres triés sur le volet. Bessaih était l'un d'eux. Son apport à la révolution, au même titre que ses camarades, est tout à fait appréciable. Mais ce travail d'officier du renseignement au service d'une des plus grandes révolutions du XXe siècle n'a pas «formaté» l'homme pour autant. Sa participation dans la lutte armée n'était certainement pas une simple parenthèse dans sa vie, mais l'homme ne voyait pas sa vie dans l'armée. Il avait d'autres projets. Lorsque au lendemain de l'indépendance, Houari Boumediene lui avait proposé de diriger les services secrets, il pensait offrir à l'officier qui avait fait du bon travail à la tête de la section du contre-espionnage de la base Didouche à Tripoli, un poste à la mesure de son talent. Bessaih déclina l'offre, s'estimant sans doute plus utile à la nation dans un poste civil. L'armée était une étape importante pour le combat libérateur, mais ne constituait pas une fin en soi pour l'homme. Il faut dire qu'avant l'indépendance du pays, Bessaih était membre du secrétariat général du Conseil national de la Révolution algérienne de 1959 à 1962. Un profil de dirigeant militaire et politique qui ne correspondait pas aux aspirations du défunt. Bessaih se voyait plus à même dans la représentation diplomatique du pays à l'étranger. Après l'indépendance, il est désigné à des postes d'ambassadeur dans des capitales qui réclamaient un sens aigu de la négociation, mais également un esprit de synthèse acquis lors de ses longues années dans le contre-espionnage. Des destinations comme Berne, Le Vatican, Le Caire, Koweït City et Rabat, témoignent de l'épaisseur d'un homme qui a préféré défendre les intérêts de son pays que de défendre des choix politico-idéologiques face à une opposition déclarée ou pas. Neuf années après l'indépendance, Boualem Bessaih est nommé, en 1971, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères. Avec l'arrivée de Chadli à la tête du pays, il met le pied dans le plat et accepte de diriger plusieurs départements ministériels. Il est, ainsi, nommé successivement ministre de l'Information, des Postes et Télécommunications, de l'Information, de la Culture et enfin ministre des Affaires étrangères en 1988. Il prend part, en sa qualité de chef de la diplomatie algérienne à l'historique accord de Taif qui avait mis un terme à la guerre du Liban. Durant la décennie noire, Bessaih ne déserte pas la scène politique et on le retrouve, en 1997, membre du Conseil de la nation au titre du tiers présidentiel. Il a présidé la Commission des Affaires étrangères du Sénat et était à ce titre en charge de la diplomatie parlementaire au moment où l'Algérie vivait sa pire expérience politico-sécuritaire et avait besoin que sa voix soit entendue à l'étranger. Moins visible que le ministre des Affaires étrangères de l'époque Bessaih a oeuvré dans les coulisses, avec un certain succès, à convaincre beaucoup de partenaires de l'Algérie. Son travail à la tête de la diplomatie parlementaire n'étant plus très nécessaire après le retour de l'Algérie sur la scène internationale, le président Bouteflika lui confie la mission diplomatique algérienne à Rabat. Un poste qu'il avait déjà occupé et son retour au Maroc était motivé par des considérations stratégiques. A 75 ans, Boualem Bessaih qui a acquis beaucoup d'expérience et de sagesse est nommé président du Conseil constitutionnel en septembre 2005. un poste qu'il occupera jusqu'à mars 2012. Quatre années plus tard, le 11 juin dernier, à la faveur d'un remaniement ministériel, Bessaih retourne au gouvernement en qualité de ministre d'Etat, conseiller spécial auprès du président de la République, Représentant personnel du chef de l'Etat. Il est décédé en fonction. L'histoire retiendra de cet homme qu'il n'a jamais cessé de se mettre au service de son pays, jusqu'à son dernier souffle.