La dernière visite marocaine à Alger, à ce niveau, remonte à plus de 14 ans. Le roi du Maroc sera présent à Alger, à l'occasion du sommet de la Ligue arabe. Mohammed VI a fait connaître sa décision, le jour anniversaire de la signature du traité de Marrakech, acte fondateur de l'Union du Maghreb arabe (UMA). Celle-ci a été marquée par une missive adressée à Bouteflika par son homologue tunisien, Zine El Abidine Ben Ali. Ce dernier a relevé le «choix stratégique et civilisationnel fait unanimement par nos pays et nos peuples», pour souligner l'importance du Traité de Marrakech. Le président Ben Ali n'a pas manqué de renouveler sa «ferme détermination à oeuvrer ensemble pour trouver les voies susceptibles de surmonter les difficultés». Reconnaissant donc explicitement l'existence d'entraves sur le chemin de la construction de l'UMA, Ben Ali s'engage à participer à la réunion des «meilleures conditions pour la réactivation de ses institutions en vue de répondre aux aspirations des générations». Et l'un des moyens susceptibles d'aboutir à la réactivation de l'UMA, gelée sur décision marocaine, depuis 1995, n'est autre qu'une réconciliation entre Alger et Rabat. Les tentatives de réunir un sommet pour redynamiser le processus ont toutes échoué. Le dernier en date, celui qui devait se tenir à Alger en décembre 2003, avait avorté à cause de l'attitude du souverain marocain, lequel avait tout simplement refusé d'y prendre part. La venue de Mohammed VI à Alger en mars prochain, même si, officiellement, elle entre dans le cadre d'une activité rassemblant l'ensemble des pays arabes, pourrait être interprétée comme un signe de bonne volonté du Royaume chérifien, pour ce qui concerne les relations qu'entretient le Maroc avec l'Algérie. Cela dit, l'annonce de ce déplacement à Alger, plus d'un mois avant la date de la réunion, intervient au lendemain d'une virulente campagne de presse marocaine contre l'Algérie, orchestrée par des journaux proches du Palais royal, sur un prétendu arsenal nucléaire algérien. Cependant, la confirmation de la participation de Mohammed VI au sommet de la Ligue arabe a été très prudemment traitée par cette même presse. Ainsi, Aujourd'hui Le Maroc rapporte l'information sans évoquer l'impact de la décision du roi sur les relations entre les deux pays. Le journal a plutôt mis en exergue le caractère «historique» du sommet de la Ligue arabe. Le Matin du Sahara s'est contenté, lui, du communiqué officiel du Palais royal, traitant du sujet. La probabilité d'un sommet informel entre Bouteflika et Mohammed VI en marge de la réunion des chefs d'Etat arabes est très forte. La possibilité de voir le Maroc retirer son exigence du règlement de la question sahraouie «à sa guise» est, dit-on, sérieusement envisagée par les cinq pays membres de l'UMA, qui feront tous le déplacement d'Alger le 23 mars prochain.