Mohamed Malas est né à Quneîtra, en Syrie, en 1945. Après un diplôme à l'Ecole normale de Damas, il enseigne dans un lycée de 1965 à 1968. En 1974, il part à Moscou suivre des cours de cinéma et commence à travailler à la télévision syrienne, comme réalisateur de documentaires, la même année et y collaborera jusqu'en 1989. En 1980, il a réalisé son premier long métrage de fiction, «Les Rêves de la ville». En 1987, il signe un documentaire, «Le Rêve», et en 1992, son second long métrage de fiction, «La Nuit», «Passion», en 2004 et «La porte orientale» en 2012. Discret, mais imposant, nous avons interviewé le réalisateur syrien le jour de la clôture avant de connaître le palmarès. Il nous donne notamment ses impressions sur le festival et les films... L'Expression: J'imagine que c'est la première fois que vous venez en Algérie, quelle impression avez -vous de ce festival? Mohamed Malas: Oui c'est la première fois que je viens à Oran. Je pense que ce festival est important pour le film arabe car il tente de véritablement exprimer et découvrir les énergies présentes, aujourd'hui, dans les pays arabes. En étant pour la première ici je me sens bien et j'ai de bonnes impressions sur le festival. Il me semble qu'il est devenu l'un des principaux festivals dans le monde, particulièrement car il n'existe pas beaucoup de films qui se consa-crent entièrement au film arabe. Etre président d'un jury c'est une lourde responsabilité j'imagine... Oui, c'est une responsabilité bien évidemment. Le choix des films sélectionnés était varié dans la réalisation et dans la diversité des pays. On a pu voir des films en provenance d' Irak, de Syrie, Liban, Palestine, Egypte. Sinon, les films ne sont pas tous d'une seule facture, mais en général, ils abordent toutes les situations actuelles qui prévalent dans le Monde arabe. En tant que réalisateur syrien comment voyez-vous la situation cinématographique en Syrie? Naturellement, il existe pas mal de films qui sont produits en Syrie en nombre, quant à leur qualité, aujourd'hui le secteur public produit jusqu'à cinq films par an. Ce n'est pas normal car c'est dû à la crise politique. Mais la production continue et augmente et cela est dû à la volonté de l'Etat qui veut voir plus de films qui donne sa vision des choses et point de vue. L'Etat a besoin de films de propagande pour lui-même. C'est ce qu'on a vu au courant de cette section avec des films nationalistes à souhait... Oui...il y en avait. En tant qu'artiste comment vivez-vous la guerre? Je vis à Damas, une des villes qui n'a pas été touchée par la guerre. Il y a effectivement des soucis sur le plan sécurité, mais la vie continue, elle ne peut pas s'arrêter. Elle n'est pas normale, mais on avance, ajoutés à cela des problèmes d'ordre social, économique ou sécuritaire. Moi, personnellement je ne produis pas de film avec l'aide de l'Etat, il faut le savoir. Je suis un réalisateur indépendant. Je fais des films basés sur des budgets modestes et sur des normes et l'aide de jeunes qui sont plus bénévoles et amoureux du cinéma. Je ne travaille pas avec ce qu'on appelle les stars. J'essaye toujours de travailler avec les moyens du bord, grâce aux fonds internationaux d'aide aux films arabes. N'importe quel fonds qui aide le cinéma dans le monde. Quel regard portez-vous sur Bachar El Assad? Je ne veux pas répondre à cette question, car cela fait 40 ans que j'essaye de réaliser des films basés beaucoup plus et exclusivement sur ma vision personnelle du réel, ses problèmes et ses préoccupations quant à son évolution. De ce fait, je n'ai jamais eu de relation avec un quiconque pouvoir politique ou autre. Par conséquent je me considère comme un cinéaste libre et je travaille selon ma propre liberté et ma vision des choses. Mes films m'appartiennent. Je réalise des films d'auteur. En Syrie il y a effectivement des difficultés à faire un film, mais pas des problèmes. si tu veux faire un film tu dois te confronter et suivre un comité de censure qui lit nos scénarios mais moi je considère que le cinéma est une grande force, qui même si on la surveille, on ne pourra jamais la lire de façon juste. Et si tu arrives à dépasser ces limites que l'on t'impose, tu pourras réaliser ton film avec plus de liberté.