La conférence de presse organisée par le ministre de la Culture et initiée par le cinéaste Bachir Derrais, a officiellement jeté les bases d'un nouveau mode de financement du cinéma: le sponsoring. Seulement voilà, avec un marché de cinéma inexistant et devant l'absence d'une visibilité des films algériens, ce nouveau mode de financement du cinéma est plus que jamais une illusion, voire un leurre. Le sponsoring est plus visible dans l'audiovisuel que dans le cinéma, car le feuilleton ou le sitcom ou la caméra cachée sont visibles par des millions de téléspectateurs algériens alors que le film de cinéma algérien n'est regardé que par 500 personnes. La raison est simple, le film de cinéma manque de promotion, de visibilité et surtout d'espace de projection. Devant la fermeture des salles de cinéma et l'absence de multiplexes, le retour sur l'investissement du film de cinéma est presque inexistant et l'opération est vouée à l'échec. Cette nouvelle stratégie de financement n'est pas fiable ou n'est pas favorable à tous les films. Si Bachir Derrais, qui est un producteur avisé, a réussi à obtenir pour son film Ben M'hidi plusieurs sponsors publics et pas des moindres, tels que Mobilis, Algérie télécom, Sonelgaz et Sonatrach ainsi que des sponsors privés, Condor et Cevital en plus du soutien important des ministères des Moudjahidine et de la Culture, ça ne sera pas le cas pour tous les films algériens et surtout les films politiques ou violents. Or, l'Algérie a adopté depuis des années une politique de subvention des films de cinéma à travers le Fdatic, à l'image du CNC français ou du CCM marocain. C'était une façon de contrôler les sujets de cinéastes connus pour leur engagement politique ou leurs idées parfois déjantées. Le sponsoring ne finance que l'audiovisuel. Pour preuve, durant ce mois de Ramadhan, pas moins de 40 productions ont été financées grâce au sponsoring. Certaines séries comme Bibiche et Bibicha Sous contrôle et B73 ont obtenu environ 10 milliards de centimes seulement en sponsoring. Des sommes qui ne sont jamais accordées aux films algériens par les institutions dépendant du ministère de la Culture. Le Fdatic accorde entre 1 et 3 milliards de centimes. La grande source de financement était l'Aarc qui accordait jusqu'à 6 milliards à certaines productions, mais surtout le ministère des Moudjahidine qui offre jusqu'à 20 milliards pour des productions qui évoquent les héros de la révolution. Seulement voilà, l'Aarc a été dissoute, le Cadc n'a pas les moyens pour accorder les mêmes montants et le ministère des Moudjahidine a réduit ses aides aux grosses productions sur la révolution. Les sponsors ne vont pas mettre de l'argent sur des films de cinéma si leurs images respectives de marque ne sont pas mises en valeur. Contrairement au cinéma, les sponsors ne peuvent pas faire du placement de produits et encore moins couper le film et diffuser des spots. La télévision demeure le seul secours pour le cinéma algérien. [email protected]