img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P160814-19.jpg" alt=""Nous n'avons pas besoin de leçons"" / En réponse aux critiques émises dans le rapport du département d'Etat US sur la liberté de culte en Algérie, le ministre des Affaires religieuses réplique en promettant une réponse détaillée de concert avec les Affaires étrangères. Présidant la clôture d'une session de formation au profit des hadjis à la mosquée El Feth de Dar el Beida, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a affirmé, en réaction au rapport du département d'Etat américain sur les libertés de culte, que ce document est «le meilleur rapport écrit sur l'Algérie depuis que le département d'Etat américain a entamé l'élaboration de rapports sur les libertés religieuses dans le monde» et qu'il comporte beaucoup de «points positifs» en soulignant, au passage, que les points négatifs mentionnés dans le document sont dus au fait que la culture algérienne «n'est pas appréhendée à sa juste valeur par les Américains». Sur ce dernier point, Mohamed Aïssa a indiqué que l'Algérie n'a de leçon à recevoir de personne, serait-ce les Etats-Unis. «Nous n'avons pas besoin d'une tierce partie pour nous juger ou nous évaluer ou nous donner des leçons», a-t-il souligné avant d'ajouter que son département publiera un communiqué détaillé en coordination avec le ministère des Affaires étrangères pour lever les ambiguïtés contenues dans le rapport.» En effet, le département d'Etat américain a émis un rapport truffé d'approximations, de fausses informations, de données erronées et d'évalutations partiales. Entre autres, le document reproche au gouvernement algérien de limiter la liberté de culte sur son territoire, en plus d'atteintes à cette même liberté de culte à travers les poursuites judiciaires lancées contre les non-jeûneurs pendant le mois de Ramadhan. Pour illustrer, le département de John Kerry cite deux cas, dont l'un remonte à 2011 et l'autre 2012. Il s'agit du jeune Mohamed Ibaouène, condamné à un an de prison pour tentative de conversion d'un musulman et de Abdelkrim Siaghi, un converti au christianisme condamné à cinq ans de prison pour «offense au Prophète (Qsssl)». Sur un autre volet, le rapport fournit des statistiques absolument improbables sur le nombre de juifs en Algérie en indiquant que sur les 38,8 millions d'Algériens, plus de 99% sont des musulmans sunnites et ils sont à moins de 200 juifs (sic). Or, selon l'Association des juifs algériens, ils sont des milliers à vivre en Algérie. Plus imprécis encore, le rapport américain qui est censé constituer une référence pour les chercheurs et les décideurs, parle très vaguement des chrétiens d'Algérie en indiquant que leur nombre se situe entre 20.000 et 100.000, soit un écart dans l'imprécision de 80.000, ce qui dénie toute crédibilité à ce document qui se veut plus une position politique visant à mettre des pressions sur l'Algérie qu'un rapport d'information objectif sur les libertés religieuses en Algérie. Par ailleurs, abordant la situation des cultes juif et chrétien sur le terrain ainsi que leur exercice, le rapport du département d'Etat US dénonce des entraves que rencontrent certains groupes religieux. «Des groupes religieux continuent de signaler des retards du gouvernement à répondre aux demandes de visa des travailleurs religieux, et surtout des refus non motivés. Il s'agit des catholiques et des protestants considérant cela comme une entrave significative à la pratique religieuse», écrit-on à ce sujet en précisant que le gouvernement algérien finit, dans certains cas, par céder après des interventions de ses homologues étrangers, ce qui explique que le problème est fondamentalement bureaucratique. Il est vrai, bien entendu, que l'exercice des cultes israélite et chrétien en Algérie ne se fait pas toujours dans de bonnes conditions. Néanmoins, les problèmes rencontrés sont, dans la majorité des cas, soit bureaucratiques, soit liés à l'intolérance de la société qui, elle, reste toujours prisonnière de l'hégémonisme théorique présumé de l'islam en Algérie. Le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, a fait de la lutte contre cette hégémonisme stérile et stérilisant son cheval de bataille dès son arrivée au gouvernement en annonçant notamment qu'il «est ministre des religions et non pas de l'islam» et en «promettant» la réouverture des synagogues et églises fermées durant la décennie noire pour des raisons sécuritaires. Mais la glaciation du champ social est telle qu'il faut plusieurs générations pour arriver à bout de cette situation de monopole symbolique de l'islam.