La Commission américaine sur la liberté religieuse internationale au sein du département d'Etat américain a rendu public, hier, son rapport annuel 2015 sur la pratique du culte dans le monde. Présenté par le secrétaire d'Etat adjoint Antony Blinken, qui était récemment en visite à Alger, le rapport consacre une dizaine de pages à la situation de la liberté de conscience en Algérie où il est fait mention de certaines difficultés rencontrées essentiellement par des non-musulmans dans l'exercice de leurs cultes. Le texte, qui rappelle d'abord le cadre juridique qui fixe les conditions de la pratique religieuse, évoque une série de violations et d'atteintes en la matière. Parmi ces entraves, le rapport de la Commission fait état de «la difficulté à obtenir des visas pour les chrétiens qui souhaitent se rendre en Algérie dans le cadre de leur mission à qui les autorités algériennes n'accordent que des visas touristiques, ce qui ne facilite pas leur travail». «Des groupes religieux ont continué à signaler des retards et des refus non motivés du gouvernement pour répondre aux demandes de visa des travailleurs religieux. Les deux groupes catholiques et protestants considèrent cela comme une entrave significative à la pratique religieuse», lit-on dans ce rapport. Dans le même ordre d'idées, le rapport fait part des «retards dans l'importation de livres et manuscrits religieux (Bible) par des représentants légaux de l'église». Et si le département d'Etat admet la disposition des autorités algériennes et de son ministère des Affaires religieuses à «promouvoir le dialogue interreligieux, la tolérance et la bannissement de la violence au nom de la religion», il énumère, par ailleurs, les multiples atteintes dont sont victimes des Algériens convertis de la part des autorités ou des pressions sociales. «De nombreux cas de chrétiens persécutés, contraints à faire profil bas, sont signalés.» Ce rapport fait cas également du refus de l'administration de l'état civil d'enregistré des «prénoms bibliques». Le rapport signale aussi le cas d'Algériens convertis qui sont arrêtés et condamnés à des peines de prison ferme, tels Abdelkrim Siagh et Mohamed Ibaouene. S'appuyant sur des données fournies par le gouvernement algérien, des organisations de la société civile et des rapports de la presse nationale, le rapport du département d'Etat cite des cas d'emprisonnement de personnes «pour offense à la religion», comme celui du journaliste du quotidien El Djoumhoria (Oran) poursuivi par son directeur pour un article, qui a été condamné à trois ans ferme, «alors que son appel a été reporté à trois reprises». En plus des atteintes commises par les agents de l'Etat, le rapport évoque les pressions sociales pour «contraindre les filles et les femmes à se voiler, ou bien les attitudes exprimées contre les juifs via des réseaux sociaux». «Parmi ceux qui ont ouvertement pratiqué une religion musulmane non sunnite, beaucoup ont rapporté que la famille, des voisins ou des membres de la population en général ont critiqué leur choix de pratiquer un tel rite, les ont harcelés pour les convertir, parfois insinuant qu'ils pourraient être en danger en raison de leur choix.» «Certains parents chrétiens ont rapporté que leurs enfants ont été réprimandés à l'école», a noté le rapport. Enfin, le rapport n'a pas oublié de rapporter la mésaventure du journaliste Kamel Daoud, attaqué par un «salafiste». En somme, si le rapport s'est contenté de rapporter des faits sans les commenter, il ressort néanmoins une tendance lourde de manquements flagrants en matière de respect des libertés de culte en Algérie.