La vague d'attentats qui a secoué Israël samedi et dimanche derniers remet en question un certain nombre de convictions et appelle des interrogations sur les motivations des uns, mais également sur les intérêts des autres. Ces attentats et le traitement médiatique qu'ils ont soulevé compte tenu de la nouvelle conjoncture internationale signifie, entre autres, que la lutte antiterroriste est aujourd'hui, plus qu'avant, confrontée à un problème d'ordre langagier. Les équivoques que certains ont délibérément laissé planer autour du mot doivent maintenant disparaître, car il est temps de se pencher sur la définition exacte du «terrorisme» et l'éloigner et/ou le rapprocher de celle de la guerre ou encore de la lutte pour la libération. L'Occident, faute de pouvoir tout contrôler, entame une guerre contre des moulins et fait, qu'entre-temps, les Etats bourreaux mettent un voile sur les raisons historiques d'un phénomène, devenu, malencontreusement, un moyen de lutte, pour s'occuper de l'éradiquer comme un banal fait ponctuel. Israël est assurément de cette trempe d'Etats qui profitent de la synchronie des événements pour effacer leur diachronie et pensent pouvoir, de ce fait, châtier des citoyens qu'ils ont poussés inlassablement au desespoir. Outre le fait qu'il y ait des victimes innocentes qui ont payé de leur vie le prix d'un durcissement politique et militaire manifeste dans la région, ce sont les conséquences, et elles tomberont nombreuses, successives et terribles, qu'il faut maintenant appréhender. En clair, il s'agirait désormais pour les Israéliens de mettre en pratique, cette fois-ci sans se soucier aucunement de la communauté internationale, sa politique éradicatrice contre ce qu'ils considèrent comme étant le résultat du terrorisme d'Etat de Palestine et de porter, une fois pour toutes, un coup fatal à l'autorité d'Arafat en finissant de le discréditer sur la scène internationale. Maintenant que Washington lui a assuré son soutien de toujours, Israël peut, parfaitement, continuer à promouvoir son discours de toujours et sévir sous le couvert de la lutte antiterroriste. N'est-ce pas la Maison-Blanche qui demandait dimanche au leader palestinien Yasser Arafat d'entamer des arrestations massives et d'engager une action ferme contre les organisations comme le Hamas et le Jihad islamique? Des organisations qui, il n'y a pas si longtemps, n'ont pas figuré sur la liste que les Etats-Unis ont établie et qui renfermaient toutes les organisations terroristes que les Américains se promettaient de combattre. Est-ce à dire qu'à l'époque, les Américains s'attiraient les bonnes grâces des Arabes en faisant miroiter, l'espace d'une action violente sur l'Afghanistan, l'idée d'un Etat palestinien pour que ces derniers ferment les yeux sur une guerre qui ne dit pas son nom. Ainsi, les Américains auraient prouvé qu'ils ne font point d'amalgame entre des terroristes de la trempe de Ben Laden et des actions légitimes d'organisations qui luttent pour la libération de leurs territoires. Finalement, l'Etat hébreu, adoptant le même principe qui a poussé les Américains à créer une véritable alliance internationale pour combattre tous les Ben Laden, se réserve, aujourd'hui, le droit de réagir seul, comme bon lui semble, contre une attaque «terroriste». Il n'a même plus à rassembler des preuves, car l'attentat a été revendiqué. Les Israéliens n'ont qu'à étendre leurs actions pour qu'elles concernent désormais Arafat personnellement, un homme que Bush, récemment, n'a pas voulu recevoir et qui semble fatalement condamné à chercher la reconnaissance de la communauté internationale. Arafat qui «n'est pas irremplaçable», d'après certains responsables israéliens qui réflechissent déjà à la succession de ce dernier après sa déconfiture, les juifs étant soucieux de ne pas avoir affaire, une seconde fois, au même phénomène. Cela ne nous rappelle-t-il pas quelque chose?