En revenant aux affaires, le très controversé Kissinger alimente la suspicion quant aux thèses américaines sur le terrorisme international. Les Etats-Unis viennent de rappeler un vieux de la vieille de leur diplomatie, en la personne de Henry Kissinger pour diriger la Commission vérité sur les défaillances du système de sécurité avant les attentats du 11 septembre 2001. Octogénaire, nobélisé dès 1973 pour sa tristement célèbre «politique des petits pas», qui a conduit à la neutralisation de l'Egypte du champ de confrontation avec Israël, Kissinger a pour mission aujourd'hui de réfléchir aux causes qui ont fait que les ennemis de l'Amérique aient pu frapper au coeur de l'empire et même viser les symboles du pouvoir politique, économique et militaire de ce dernier. Survenant dans un contexte local empreint de peur en tous genres, d'hystérie sécuritaire et fatalement de dérives raciales anti-arabes et anti-musulmanes, et au plan international, sur fond d'une nouvelle vague d'attentats dits terroristes qui ciblent des intérêts américains ou israéliens, cette nomination d'un homme du passé et de surcroît dont la carrière diplomatique fût très controversée pour trouver une explication à ce qui s'est vraiment passé le 11 septembre de l'année dernière aux Etats-Unis. Elle laisse en tout cas perplexes et interrogatifs nombre d'analystes de la politique intérieure américaine quant à la symbolique et l'objectif de cette réapparition dans les affaires américaines de celui qui a été présenté comme l'éminence grise de tous les temps des républicains US, mais qui en fait n'a su terminer la guerre du Vietnam que dans la débâcle de l'armée américaine en Asie du Sud-Est au milieu des années 70. Ces observateurs posent en fait toute une série de questions pertinentes quant à l'analyse et la présentation qui sont faites à propos de ce terrorisme international qui clame s'en prendre uniquement à des objectifs juifs, américains ou britanniques et accessoirement, aux autres soutiens des politiques de ces trois Etats. L'une des interrogations fondamentales que les esprits immunisés contre le matraquage médiatique et la propagande officiel de la Maison-Blanche voudrait savoir si l'establishment américain est si pauvre en matière de compétences politiques pour faire appel à ce dinosaure de la diplomatie américaine du temps de la désormais défunte confrontation Est- Ouest de la guerre froide. Le problème, s'insurge contre cette nomination, le très sérieux New York Times, ce n'est pas vraiment l'âge de l'ancien ministre des Affaires étrangères de Nixon, mais plutôt «son réseau au sein du pouvoir américain». «Pour déterminer les défaillances du système de sécurité américain et proposer une remise en cause radicale de l'organisation des différentes administrations en charge des questions de sécurité, il convient d'être indépendant vis-à-vis de ces administrations». Or, relève le journal, Kissinger, aujourd'hui consultant en politique étrangère, compte beaucoup de «vieux amis et de bonnes relations d'affaires dans l'administration». Dans ces conditions, écrit le journal, «il est douteux que Kissinger, et les neuf autres personnalités de la commission vérité, remettent en cause l'ordre établi». Or, au vu de ce qui vient de se passer pour la seconde fois en moins de cinq ans au Kenya et au-delà des sempiternelles accusations imputant les attentats à la voiture piégée et aux missiles visant des cibles israéliennes, à l'énigmatique et insaisissable Al Qaida, de deux choses l'une: ou les Occidentaux et à leur tête les Américains sont bel et bien dépassés par le phénomène du terrorisme qui tend à devenir planétaire et à menacer leur hégémonie rampante sur le monde, à travers cette mondialisation qu'ils veulent imposer au reste du globe, ou bien il détiennent des informations qu'ils ne veulent pas révéler aux autres pays et dans ces conditions toutes les thèses y compris celles les plus invraisemblables restent valables. Mais dans les deux cas, les Occidentaux font preuve d'une incompréhension primaire des sociétés arabes et islamiques eux qui n'ont d'yeux que pour leur protégé Israël et «sa démocratie exemplair» dans une région du monde qualifiée depuis les deuxièmes croisades par ignorance sociologique et par aveuglément politique d'hostile et peuplée de «barbares». C'est ce qui s'appelle purement et simplement du délire.