Le parquet turc a lancé des mandats d'arrêt à l'encontre de 146 universitaires, principalement des villes d'Istanbul et de Konya (centre), pour liens supposés avec Fethullah Gülen, accusé d'être le cerveau du putsch avorté en Turquie, ont rapporté hier les médias locaux. Ces mandats d'arrêt ont été émis à l'encontre de 84 universitaires, essentiellement de Konya, puis de 62 enseignants de l'Université d'Istanbul. Quarante-quatre universitaires ont été placés en garde à vue dans la grande université d'Istanbul et 29 autres à Konya dans le cadre de cette opération menée dans 17 provinces du pays, précisent les agences de presse Anadolu et Dogan. Des perquisitions ont été effectuées par la police dans les bureaux des suspects sur le campus universitaire stambouliote ainsi qu'à leurs domiciles. L'ex-recteur de l'université Selçuk de Konya, grande ville conservatrice du centre anatolien et fief du parti au pouvoir de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur), le professeur Hakki Gökbel, figure dans la liste des personnes visées, ajoute Dogan. Après le coup d'Etat manqué du 15 juillet les autorités turques ont lancé une purge massive, qui a suscité de vives protestations à l'étranger, pour déloger les sympathisants de la confrérie Gülen dans la fonction publique, l'armée, la magistrature, l'enseignement et l'économie. Il s'agit pour le pouvoir d'essayer d'assécher les sources de financement des réseaux de Gülen, ennemi numéro un du président turc, Recep Tayyip Erdogan, installé depuis 1999 aux Etats-Unis et dont Ankara réclame avec insistance l'extradition. Le prédicateur âgé de 75 ans nie toute implication dans le coup de force. Plus de 5000 fonctionnaires ont été limogés et 80.000 autres suspendus, a annoncé mercredi le Premier ministre turc Binali Yildirim. 20.000 personnes ont a été inculpées et incarcérées, a-t-il ajouté. Par ailleurs, la brigade financière a encore durci hier sa répression contre les sphères économiques soupçonnées d'avoir financé le réseau Gülen et recherchait 18 autres cadres ou propriétaires d'entreprises à Istanbul, coeur économique de la Turquie, a indiqué l'agence Dogan. Jeudi l'implacable purge avait déjà frappé des conglomérats ayant un chiffre d'affaires total d'au moins trois milliards de dollars, selon la presse turque, ainsi qu'une importante confédération patronale, Tuskon. Au moins 65 entrepreneurs ont été placés en garde sur les 205 suspects recherchés. Ömer Faruk Kavurmaci, le gendre du maire AKP d'Istanbul, Kadir Topbas, figure parmi les personnes interrogées par la justice. Le maire de la première métropole de Turquie a clairement fait savoir sur son compte Twitter que «si les allégations sont avérées, celui-ci devra subir les conséquences et être sanctionné».