A l'heure actuelle aucun dialogue n'a été entamé avec la tutelle. Intervenant hier sur les ondes de la Chaîne I, le président du Comité national des boulangers, M.Ben Abdeslam Madjdoub, a affirmé que le taux de suivi de la première journée de grève était de 80%. Ce taux a grimpé au cours de la journée d'hier pour atteindre 90%. «Dans certaines wilayas, le mot d'ordre de grève a été suivi à 100%», a ajouté le SG. Cette grève qui, à vrai dire, n'a pénalisé que le citoyen, est, aux yeux de l'invité de l'émission Idhaâtes, légitime et légale du moment que ces commerçants ont le droit de rentabiliser leur activité à travers des marges bénéficiaires qui actuellement sont quasiment nulles, à en croire le secrétaire général du comité des boulangers. «Tout a été augmenté, à commencer par le sel, l'eau, la levure, le gasoil, l'électricité et les charges fiscales», clame M.Madjdoub et d'ajouter: «On veut avoir droit à un bénéfice légitime». Les contestataires se plaignent, par ailleurs, du fait que le prix du pain n'a pas changé depuis 1996, alors que d'autres produits de base ont augmenté. Les plaidoiries et les arguments de ce boulanger ne semblent nullement convaincre le président de l'Association de la protection du consommateur, M.Mohamed Ketfi, lui-même invité à cette émission. Ce dernier déplore les conditions de préparation du pain, qui, selon lui, sont loin de répondre aux normes d'hygiène exigées. «Il va falloir respecter d'abord les conditions d'hygiène et de qualité du produit pour pouvoir réclamer ce qu'ils qualifient de droits», riposte M.Ketfi. Selon ce dernier, une augmentation dans le prix des produits doit être méritée et justifiée. Seulement, dans le cas des boulangers, le citoyen n'est toujours pas satisfait de la qualité du produit. Réagissant aux propos du président de l'association des consommateurs, M.Medjdoub incombe la responsabilité aux services d'hygiène et de contrôle. «Il y a des services de contrôle qui sont habilités à sanctionner les commerces qui ne répondent pas aux normes d'hygiène», se contente-t-il de dire. Et d'ajouter: «Donnez-nous nos droits, on vous rend des comptes». M.Madjdoub pose la problématique de l'hygiène autrement. «Il est inacceptable de fermer les yeux sur ces pseudo- commerçants qui vendent de la marchandise, notamment du pain sur les trottoirs dans des conditions qui laissent à désirer alors que le pain est disponible dans les boulangeries», clame-t-il. Il pointe ainsi un doigt accusateur vers cette association de la protection du consommateur qui ne fustige pas ce genre de pratiques illégales. Il accuse, par ailleurs, cette association d'avoir observé le silence lorsque les bouchers ont décidé d'augmenter le prix de la viande. «Pourquoi les regards ne sont braqués que sur nous», s'interroge-t-il. Enfin, le SG des boulangers explique qu'à l'heure actuelle, aucun dialogue n'a été entamé avec la tutelle. Cela suppose-t-il qu'il y aura recours à d'autres mouvements de grève. L'avenir nous le dira. La conclusion finale à tirer du débrayage de 48 heures de la corporation des boulangers affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) sera à l'ordre du jour d'un conclave du secrétariat exécutif de cette union qui aura lieu aujourd'hui à huis clos. Lequel conclave, qui se veut, selon un membre du bureau national de l'Ugcaa, le cadre d'une concertation approfondie en vue de décider des actions à suivre dans les prochains jours, et faire aboutir les revendications des boulangers. Il convient de souligner que, dès le premier jour de la grève, une cellule de crise a été mise sur pied au sein de l'Ugcaa. Sa mission a été, certes, de s'enquérir du taux de suivi à travers le territoire national, mais également de demeurer aux aguets de la moindre réaction de la part des pouvoirs publics, notamment la tutelle du commerce. En ce sens, notre interlocuteur de l'Ugcaa n'a pas manqué de mettre l'accent sur la volonté affichée de cette union à ouvrir le dialogue avec les responsables de la tutelle du commerce, et ce, en vue d'une issue favorable aux doléances des boulangers. Dans le cas contraire, le conclave d'aujourd'hui de l'Ugcaa sera inévitablement sanctionné par le recours à une grève illimitée des boulangers, a encore indiqué notre interlocuteur.