«Il faut que l'opinion publique sache que notre budget n'a jamais dépassé les 8 millions de dinars. Le ministère de la Culture nous a aidés pour faciliter l'installation du DCP. Maintenant nous attendons le financement, nous restons optimistes», dira Abdenour Hochiche. «La cinémathèque de Béjaïa vient d'être équipée du DCP. Cela nous réjouit car nous avons eu de par le passé des soucis techniques qui nous ont fait souffrir. Cette année on va dépasser cet obstacle pour se consacrer au travail sur le fond, c'est-à-dire sur les perspectives des rencontres» a déclaré en préambule, hier matin, à la Cinémathèque algérienne, Abdenour Hochiche président de l'association Projec'heurts, à la faveur de la tenue prochaine (du 03 au 09 septembre) du rendez-vous tant attendu par les cinéphiles d'ici et d'ailleurs, à savoir les Rencontres cinématographique de Béjaïa. Notre petit festival de Cannes à nous que les petites fourmis chevronnées de Béjaïa (les jeunes bénévoles à qui Abdenour Hochiche a tenu à rendre un vif hommage, Ndlr) tendent année après année à bichonner pour en faire un rendez-vous annuel de qualité tant sur le plan de la programmation que de lorganisation et ce malgré les éternels soucis budgétaires qui se posent continuellement, faisant de cette manifestation le cheval de Troie et de bataille surtout des adeptes des RCB qui savent qu'ils doivent systématiquement se renouveler dans la continuité car le véritable challenge est celui-là. «Depuis le début nous avons compris que les RCB devaient être un espace d'échange et une plate-forme de débat autour du cinéma et ceux qui font du cinéma qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs. Cet objectif est toujours dicté par la réalité du cinéma en Algérie. Nous sommes à la traîne. Il faut vraiment travailler pour établir une vie culturelle en Algérie. (...) dès le départ nous savions qu'il n'y aura pas de prix remis. Nous continuons à rester cohérents et fidèles à cette ligne. Cette année les prix seront des bourses déclinées en résidence et en argent qui seront octroyés à deux lauréats...Il faut que l'opinion publique sache que notre budget n'a jamais dépassé les 8 millions de dinars. C'est le plus ancien évènement cinématographique en cours en Algérie. Notre but n'est pas celui des festivals. Le ministère de la Culture nous a aidés pour faciliter l'installation du DCP. Pour l'instant nous attendons encore l'aide financière du ministère, mais nous restons optimistes», a fait savoir encore Abdenour Hochiche. Au total plus de 350 films ont été reçus et visionnés suite à l'appel lancé au mois de février par le comité de programmation dirigé par la directrice artistique Laila Aoudj, comme elle l'a souligné aussi, hier encore, lors du point de presse à la Cinémathèque algérienne de la rue Ben M'hidi. Il en a résulté de cette sélection 26 films toutes catégories confondues (long et court métrage, documentaire, fiction....) avec comme seul critère de choix comme on l'a toujours souligné «un cinéma qui questionne plus qu'il ne répond et un cinéma curieux, qui doute et qui fait douter». Et Laila Aoudj de faire remarquer: «C'est toujours difficile de choisir car les personnes qui envoient leur film savent pertinemment qu'il n'y a pas de prix, ils veulent juste montrer leur film et avoir un feedback. Ce n'est pas parce qu' un film passe dans des festivals et a du succès que cela fait de lui un bon film. Il n'y a pas de critère de sélection de base. Nous accompagnons parfois des films culottés, qui prennent des risques, des films dont on sait qu'ils ne vont pas absolument plaire à tout le monde, mais s'ils nous émeuvent on les prend» et Abdenour Hochiche de renchérir: «On accompagne un univers et des fébrilités cinématographiques.» Parmi ces films sélectionnés une vingtaine d' avant-premières mondiales et algériennes sont au programme dont le documentaire de Faycel Hamoum Vote off produit par Tala Film ainsi que le dernier opus de Mohamed Yargui Je te promets produit par MH Prod ou encore Jardin d'Essai de Dania Reymond produit par une chambre à soi Prod, tandis que plusieurs autres films vont être projetés pour la première fois en Algérie à l'instar de Foudre, une légende en quatre saisons de Manuela Morgaine, Bienvenue à Madagascar de Françoise Prenant, Géographie de Chahigh Azramounian, Des hommes debout de Maya abdul Malak.... Cette édition, ajoute-t-on sera aussi l'occasion de retrouver des noms déjà passés par les RCB à l'instar de Farid Bentoumi qui après son court métrage Brûleurs, va présenter son premier long métrage Good Luck Algeria ou encore Yassine Qnia qui sera là avec son court-métrage A430. «La géographie cinématographique des RCB sera encore une fois très large et essayera de toucher les territoires les plus éloignés», notent les organisateurs sur le texte de communication, un travail que l'on salue et dont l'effort est d'autant plus perceptible cette année, les RCB ayant repris comme jamais du poil de la bête en comprenant qu'il faille surfer davantage sur la vague des réseaux sociaux notamment et ce pour atteindre le maximum de public. L'autre rendez-vous indéfectible des RCB est «le café ciné» qui se tiendra comme de tradition à la cafétéria du théâtre régional Abdelmalek-Bougermouh permettant aux réalisateurs de rencontrer la presse ainsi que les cinéphiles tous les matins pour des tables rondes autour des oeuvres projetées. Trois autres rendez-vous cinématographiques seront organisés pendant ces matinées. Le premier, qui aura lieu le 5 septembre sera mis en oeuvre par le réalisateur Chafik Allal autour de «L'Altérité au cinéma, ici et ailleurs». Le second qui se tiendra le 7 septembre aura trait aux «Archives numériques du cinéma algérien» animé par Nabil Djedouani, un habitué, lui aussi, des RCB et enfin, le troisième sera l'occasion de connaître de plus près le cinéma de Nazim Djemai qui sera questionné par le critique français Saâd Chakali ce 6 septembre. Il est bon de noter que pour la deuxième année de suite, les RCB organisent le Béjaïa Film Laboratoire. Responsable de cette section, Amine Hattou a expliqué hier, que dès la première édition (2015), le BFL a démontré toute sa pertinence en permettant aux porteurs de projets cinématographiques de rencontrer des institutions et organismes financeurs de cinéma. «Ce rendez-vous avait permis à des réalisateurs et/ou producteurs d'avoir une meilleure visibilité sur des organismes comme le Fdatic ou encore le Cadc.», a t-on précisé. La deuxième édition du BFL s'est ouverte au Maghreb en recevant des projets du Maroc et de la Tunisie comme première nouveauté alors que la deuxième nouveauté concerne la mise en place de deux bourses d'aide pour l'écriture et pour le montage. La première bourse dédiée à l'aide à l'écriture intitulée «Les ateliers sauvages -Hafid Tamzali» est une aide de 200.000,00 DA en plus d'une résidence de quatre semaines, alors que la deuxième bourse réservée à l'aide à la finition (montage), intitulée «Mouny Berrah» est quant à elle dotée de 300.000,00 DA et huit semaines de résidence de montage. Les prix seront remis le 09 septembre, soit à la cérémonie de clôture.