«Il y a une idée qui est totalement complètement inacceptable aussi bien pour M. Shamir que pour M. Peres pour les forces qu'ils représentent le tracé d'une frontière définitive, garantie internationalement, au-delà de laquelle Israël n'aurait plus le droit, jamais, de s'étendre.» Les Palestiniens sont culpabilisés pour délit de résistance, coupables de ne pas accepter le déni de justice dont ils sont victimes. Aussi la spirale de violence qui embrase depuis un an les territoires palestiniens occupés, de même, de plus en plus, Israël, n'est que la résultante du refus israélien de prendre en compte le seul paramètre à même de ramener la confiance et la paix dans la région. Or, depuis l'arrivée d'Ariel Sharon au pouvoir, la situation n'a cessé de se dégrader du fait que le chef du gouvernement israélien ignore totalement les droits du peuple palestinien, comptant sur la seule répression pour imposer sa solution. La dégradation de la situation, notamment suite aux assassinats ciblés de responsables palestiniens, indique l'urgence pour la communauté internationale de prendre en charge le dossier proche-oriental. Aujourd'hui le destin du peuple palestinien, un peuple sans patrie, ne semble être que celui de se soumettre au bon- vouloir d'Israël. Sinon, pourquoi la communauté internationale hésite-t-elle encore à entériner l'envoi d'une force d'interposition et de protection des Palestiniens victimes de la répression israélienne alors que cette même communauté n'hésita pas naguère à user de la force pour venir en aide aux Kosovars réprimés par les Serbes? En vérité, ce qui se passe dans les territoires occupés relève du cercle vicieux pour ne point dire du dilemme kafkaïen. Parce que la paix telle que prétend l'imposer l'Etat juif n'a absolument aucune chance d'être agréée par un peuple auquel la seule alternative qui lui est laissée est de se faire hara-kiri en renonçant à ses droits imprescriptibles d'édifier son Etat indépendant dans les territoires occupés de Ghaza et de Cisjordanie avec El-Qods (Jérusalem-Est) comme capitale. Tout le contentieux proche-oriental tourne autour de cette impossibilité: la prétention d'Israël d'avoir la paix sans céder les territoires, allant ainsi à l'encontre autant des textes onusiens (résolution 181 (II) du 29/11/47) fondateurs de l'Etat hébreu, des principes jusqu'ici admis à travers le monde et mettant en cause les questions de décolonisation, que des accords de Madrid de 1991 et d'Oslo de 1993 qui se fondent sur la règle consistant en l'échange de la terre contre la paix. Dans cette même optique, Israël refuse que soient fixées officiellement les frontières entre l'Etat hébreu et les territoires palestiniens, ou à tout le moins officialiser la ligne de partage existante au 4 juin 1967, veille de la guerre des Six Jours, ce qui permet au gouvernement israélien de jouer, à peu de frais, sur l'ambiguïté entre les deux entités arabe et juive, d'autant plus qu'avec des frontières internationalement reconnues, l'Etat juif ne pourra plus poursuivre ce double jeu, qui lui réussit si bien depuis plus d'un demi-siècle, en maintenant l'amalgame entre ce qui est israélien et ce qui est palestinien, s'arrogeant même le droit de placer sous son seul contrôle tout le territoire de la Palestine historique. Les Israéliens, pour qui la Palestine n'existe pas, ou n'existe plus, s'opposent ainsi à toute solution politique et à toute éventualité de création d'un Etat palestinien dans les territoires occupés.