La Russie d'aujourd'hui est à certains égards plus inquiétante que l'Union soviétique d'hier en ce qui concerne l'emploi de l'arme nucléaire, a déclaré lundi soir le secrétaire américaine à la Défense Ashton Carter. Lors d'une visite à la base de missiles nucléaires intercontinentaux de Minot, dans le Dakota du Nord, le chef du Pentagone a critiqué la «gesticulation nucléaire» de la Russie d'aujourd'hui, et ses investissements dans «de nouvelles armes nucléaires». Il est possible de se demander si les dirigeants russes d'aujourd'hui ont gardé «la grande retenue qu'avaient les dirigeants de l'époque de la Guerre froide, quand il s'agissait de brandir leurs armes nucléaires», a-t-il déclaré. Aujourd'hui, a-t-il affirmé, «l'utilisation la plus probable de l'arme nucléaire n'est plus la guerre totale» envisagée pendant la Guerre froide, que les grandes puissances se sont bien gardées de déclencher. Elle est plutôt une attaque «terrible et sans précédent, par exemple par la Russie ou la Corée du Nord, pour essayer de forcer un adversaire supérieur sur le plan conventionnel à abandonner l'un de ses alliés» pendant une crise, a déclaré le secrétaire à la Défense US. Le secrétaire à la Défense américain a été en revanche beaucoup plus positif sur le comportement de la Chine, qu'il ne se prive pourtant pas d'étriller dans d'autres domaines. «La Chine se comporte professionnellement dans le domaine nucléaire, malgré la croissance de son arsenal nucléaire, tant en quantité qu'en qualité», a déclaré le chef du Pentagone. Après des années passées à vivre sur leur acquis, les Etats-Unis se préparent à investir massivement dans le renouvellement de leurs armes nucléaires pour les prochaines décennies. Malgré le coût astronomique de ces efforts - dépassant le millier de milliards de dollars, selon certaines estimations - les Etats-Unis prévoient ainsi de renouveler leurs 400 missiles intercontinentaux Minuteman III. Ils prévoient aussi de se doter d'un nouveau missile de croisière à long rayon d'action, de nouveaux sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, et de moderniser leur bombes nucléaires B-61. «Nous commençons maintenant à corriger des décennies de sous-investissement dans la dissuasion nucléaire», a indiqué Ashton Carter.