Les dernières manifestations des islamistes au sein des universités obéissent-elles à des desseins politiques ? L'université Emir-Abdelkader de Constantine a été paralysée, pendant deux jours, par l'organisation estudiantine Ugel. Dans l'enceinte universitaire de M'sila, des éléments affiliés à la même organisation se sont violemment attaqués dans la nuit du 27 novembre, à des étudiants qui organisaient une soirée musicale. Bilan de l'expédition: 15 blessés hospitalisés, du matériel saccagé et des dégâts occasionnés au niveau du restaurant universitaire. Un scénario qui rappelle l'activisme des islamistes, durant les années 80, l'époque où des expéditions inquisitrices ont été orchestrées à l'encontre de toute activité culturelle, politique ou syndicale. C'est ainsi qu'a été assassiné (en 1982) l'étudiant Kamal Amzal dans la cité universitaire de Ben Aknoun pour une histoire de comité de cité. Au-delà des revendications sociopédagogiques, du reste catastrophiques au sein de toute l'université algérienne, les dernières manifestations des islamistes n'obéissent-elles pas à des desseins politiques? L'Ugel, qui est une organisation estudiantine acquise au parti de Nahnah, n'a jamais caché sa position par rapport à la réforme de l'école, à l'arabisation de l'université et au bannissement de la mixité. Les agitations que cette organisation vient d'enregistrer sonnent en parfaite harmonie avec les dernières activités de sa tutelle. Le leader du MSP, doublement frustré, rappelle ses moutons de Panurge. Il y a eu d'abord les bombardements des Américains sur l'Afghanistan qui ont mis à nu la faillite de l'emprise des islamistes sur la société. Et puis, la gestion sur le terrain du drame des inondations en Algérie a échappé à la coupe des relais islamistes. Mieux vaut tard que jamais, Nahnah s'est ressaisi par sa missive adressée aux imams et mouderrissine. Dans cette lettre, le chef du MSP a estimé qu'il fallait éclairer l'opinion sur les événements du 11 septembre et explique que «l'animosité envers les Arabes et les musulmans est due à la faiblesse de ces derniers et à l'absence d'une force qui les protège». Pourtant, ces fonctionnaires relèvent d'une tutelle administrative - le ministère des Affaires religieuses - qui est la seule habilitée à leur donner des orientations. Seulement les impératifs des prochaines joutes électorales exigent, quitte à user de subterfuges, le réinvestissement de cette forteresse que constitue la mosquée pour le MSP. Les organisations estudiantines, en l'occurrence l'Ugel, constituent un autre tentacule que semble agiter le MSP, surtout que le mécontentement des étudiants va grandissant face aux conditions déplorables dans lesquelles ils vivent. Qu'une organisation soit convoitée par un parti politique à des fins électorales relève de la banale normalité des choses. Mais que ce même parti instrumentalise la même organisation pour entraver l'aboutissement d'un projet de société contraire au sien même par la violence, le fait mérite qu'on tire la sonnette d'alarme, et qu'on mette en garde contre l'hydre islamiste qui récidive.