Après cette sonnette d'alarme, le grand argentier du pays n'a pas manqué cette occasion pour mettre en exergue «l'engagement du président» en matière de protection de l'environnement et de l'emploi. Le ministre des Finances, M.Abdelatif Benachenhou prédit pour l'Algérie de 2020, un «désordre significatif» si le pays ne se prépare pas «convenablement» sur les deux principaux fronts, «l'emploi et l'environnement». Ce constat a été fait, hier, dans son intervention à l'occasion d'une rencontre sur la fiscalité écologique organisée au siège du ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire: «Si nous ne nous bougeons pas d'une manière significative dans ces deux domaines, nous aurons un désordre significatif», lance-t-il à l'assistance. Après avoir tiré cette sonnette d'alarme, le grand argentier du pays n'a pas manqué cette occasion pour mettre en exergue «l'engagement du président» en matière de protection de l'environnement, parce que note-t-il : «Il ne s'agit pas de mobiliser l'opinion publique, mais ceux qu'il faut convaincre en premier lieu ce sont les décideurs et le président de la République». Le ministre revient sur l'ordre du jour de cette rencontre pour aborder la question de la fiscalité environnementale avec cette remarque: «Je souhaite m'interroger sur la faisabilité de l'écofiscalité» et d'ajouter «nous sommes un pays très connu dans le domaine de la production des lois et des règles, mais malheureusement, on ne les appliquent pas». M.Benachenhou affirme néanmoins, «si ce n'est pas faisable aujourd'hui, préparons-nous pour que ça soit réalisable demain». Par ailleurs, le ministre reconnaît que «la législation fiscale a beaucoup à faire, moi personnellement, je suis un militant du renouveau de la fiscalité pour une législation plus moderne». Benachenhou ne rate pas cette occasion pour revenir sur «la fiscalité agraire»: «Notre agriculture est défiscalisée, on ne peut plus continuer comme ça. Nous irons doucement mais sûrement vers cette fiscalité, nous n'avons pas le choix». Rappelant que cette fiscalité intégrée dans la loi de finances 2005 a été rejetée par les députés. Pour sa part, M.Cherif Rahmani est revenu sur la nouvelle fiscalité environnementale. Dans ce sens, il précise que la loi de finances 2002 a institué plusieurs taxes citant sur sa lancée, la taxe relative aux déchets solides urbains, la taxe d'incitation au déstockage des déchets industriels spéciaux et dangereux, la taxe sur les activités polluantes et dangereuses, etc. Le ministère a décidé de mettre en place progressivement cette fiscalité. Dans une première étape, celle-ci a été appliquée aux déchets. Un moratoire de deux ans a été accordé aux établissements hospitaliers et cliniques privées concernant les déchets liés aux activités, aux soins pour la prise en charge écologique de leurs déchets. Concernant les déchets industriels dangereux, la loi de finances pour 2005 a institué un moratoire de deux années, à compter du 1er janvier 2005 aux générateurs et/ou détenteurs de déchets industriels spéciaux dangereux, pour traiter ou faire traiter leurs déchets dans des conditions conformes. La nouvelle loi relative à la protection de l'environnement a opté pour un renforcement de la puissance publique. Cela a permis de constater 13.000 infractions à la législation et «des pollueurs ont été déférés devant la justice», selon le ministre. Afin d'étayer les efforts du gouvernement en matière de protection de l'environnement, le ministre annonce qu'en 1999 sans la fiscalité environnementale, les dépenses publiques en faveur de l'environnement atteignaient 260 millions de dollars, autrement dit ces dépenses furent supportées à 90 % par le budget de l'Etat, ce taux ne va pas dépasser les 20 % en 2006.