Israël «organise, sur les territoires qu'il a pris, l'occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsion et il se manifeste contre lui une résistance qu'à son tour il qualifie de terrorisme», Général Charles de Gaulle. Pendant des années, l'Occident, emboîtant l'antienne israélienne, a diabolisé la Charte de l'OLP tout en couvrant d'un silence pieux la charte réactionnaire et tout aussi univoque du Hérout parti qui, en 1948, fixait les objectifs de l'Etat hébreu: «La patrie hébreue (hebraïque?), sur les deux rives du Jourdain est un tout historique et géographique. La partition de la patrie est un acte illégal qui ne lie pas le peuple juif. La tâche de cette génération est de réunifier les différentes parties de la patrie (dont la Jordanie) et d'y établir une souveraineté juive» (5) On n'a pas connaissance que ce texte ait fait l'objet d'indignation quelconque ou qu'il ait été abrogé depuis. En novembre 1988, lors du Congrès du Conseil national palestinien à Alger, (CNP, Parlement palestinien), Yasser Arafat, tout en acceptant les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l'ONU, avait déclaré «caduque» la charte de l'OLP faisant ainsi preuve d'un courage politique exemplaire qui demandait un acte similaire de la part d'Israël. Dès lors, quand les Israéliens auront-ils ce même courage politique de déclarer «caducs» et dépassés leurs propres textes lorsque ceux-ci sont en contradiction avec les normes internationales admises et constituent un frein à la recherche d'une paix juste et équitable entre les deux peuples? Ce qui nous ramène à la question toujours d'actualité et tout aussi sans réponse du tracé frontalier entre Israël et les territoires palestiniens occupés. Mais sans doute que le problème ne se pose pas en ces termes pour les Israéliens qui multiplient les colonies de peuplement qui sont également autant d'obstacles à la paix et d'actes de provocation à l'endroit des Palestiniens sommés d'entériner le fait accompli juif. Il suffit de se rapporter à la période d'accalmie induite par les accords intérimaires d'Oslo (1993-2000) durant laquelle les constructions de colonies dans les territoires palestiniens ont plus que doublé par rapport à ce qu'elles étaient au moment des négociations d'Oslo. En 1947, les juifs ont accueilli avec bonheur la partition de la Palestine décidée par le Conseil de sécurité de l'ONU (qui leur octroya d'ailleurs la plus grande partie de la Palestine historique) et acceptèrent avec gratitude ce «foyer national» tombé du ciel. Aujourd'hui, bien installés, les Israéliens, non contents de ne plus faire cas de la résolution 181 de l'ONU grâce à laquelle ils doivent l'existence de l'Etat hébreu, veulent aussi accaparer les territoires qui reviennent de droit aux Palestiniens de même que ceux limitrophes d'Israël (occupation du Golan en 1967 et son annexion en 1981). C'est en tout état de cause ce qui ressort des explications de Moshé Arens (ancien ministre dans divers gouvernements de droite) lorsqu'il donne sa définition des frontières: «La définition des frontières dépend de la signature d'un traité de paix, on en est loin. Israël restera un Etat juif avec une majorité juive installée sur tout le territoire, à Jérusalem, sur le Golan, dans la vallée du Jourdain, à Hébron et dans les autres lieux historiques.»(6) Dans ces conditions, un traité de paix, c'est pour quoi faire? Un traité de paix avec qui et comment? Les Israéliens peuvent-ils persuader des personnes auxquelles ils ne reconnaissent pas les mêmes droits qu'eux, qu'ils veulent enfermer dans des ghettos, de faire la paix avec eux quand ils n'envisagent pas d'Etat palestinien à leurs côtés? Qui les Israéliens veulent-ils tromper, si ce ne sont eux-mêmes? Comment, en effet, peuvent-ils évoquer leur sécurité s'ils ignorent dans le même temps le droit des Palestiniens seuls capables de la leur assurer? Ce comportement névrotique des Israéliens est pratiquement encouragé par la communauté internationale et la première puissance mondiale, les Etats-Unis, qui n'osent pas faire revenir à la réalité des choses, et à de plus justes proportions, cet enfant gâté qu'est l'Etat hébreu, qui se croit non seulement tout permis, mais aussi au-dessus des normes appliquées et applicables aux autres pays du monde. (cf. l'affaire irakienne et tout récemment celle du Kosovo). Une seule fois, quand en 1989 les Israéliens parlaient d'organiser des élections dans les territoires occupés, pour tenter de briser l'Intifadha, un homme politique américain, le secrétaire d'Etat, James Baker, osa «suggérer» aux Israéliens de prendre en compte trois garanties: le droit de vote pour les Palestiniens de Jérusalem ; un contrôle international du déroulement des élections ; un «lien significatif» entre l'autonomie et le règlement définitif. Israël négligea les recommandations du chef de la diplomatie américaine. Ce qui amena - une rareté - cet officiel, James Baker, à dénoncer, qui plus est, devant le puissant lobby pro-israélien l'AIPAC (Américan Israel Public Affairs Commitee) «la vision irréaliste du grand Israël» affirmant: «Les intérêts d'Israël en Cisjordanie et à Ghaza - en particulier de sécurité - peuvent être pris en compte. Mais il faut renoncer à l'annexion, arrêter la colonisation, (...)» (7)