Ce prix de 53 dollars n'a pas été atteint depuis 15 mois «La Russie est prête à se joindre aux mesures pour limiter la production» de pétrole, a déclaré hier le président russe. Le baril a réagi au quart de tour. Vers 15h10 à Alger, il affichait 53,60 dollars, son niveau le plus élevé depuis octobre 2015. Aux environs de 14h15, il s'échangeait à 50,52 dollars à New York et enregistrait un gain de 71 cents par rapport à la séance de vendredi. Un rebond pratiquement inattendu. Les prix du pétrole s'annonçaient à la baisse. Les observateurs redoublaient de rumeurs et de fausses pistes via les agences spécialisées pour saper le moral du marché. «Auparavant, les prix s'étaient orientés à la baisse, au cours des échanges électroniques, du fait de l'absence à ce sommet des ministres iranien et irakien du Pétrole, ce qui avait été interprété comme de mauvais augure pour l'avancée des négociations», expliquait Bob Yawger de Mizuho Securities USA. Deux facteurs allaient modifier cette donne. Il y a eu d'abord la sortie médiatique du ministre saoudien de l'Energie qui a estimé hier qu'un prix du baril de brut à 60 dollars d'ici la fin de l'année, n'était pas exclu. «Nous voyons une convergence de l'offre et de la demande. Il n'est pas impensable qu'on arrivera (à un baril) à 60 dollars d'ici la fin de l'année», a dit Khaled al-Faleh, lors de son intervention au Congrès mondial de l'énergie qui a lieu en Turquie. Le président russe portera l'estocade, se disant prêt à se joindre à la décision historique du Sommet d'Alger qui s'est tenu le 28 septembre 2016 en marge du 15ème Forum international de l'Energie. «La Russie est prête à se joindre aux mesures pour limiter la production» de pétrole, a déclaré hier Vladimir Poutine dans l'allocution qu'il a prononcée à l'occasion de la tenue du Congrès mondial de l'énergie à Istanbul. «Dans le contexte actuel, nous pensons qu'un gel ou une réduction de la production de pétrole est le seul moyen pour préserver la stabilité du secteur de l'énergie et accélérer le rééquilibrage du marché», a-t-il souligné, balayant d'un revers de la main les rumeurs entretenues sur de prétendues réserves russes au lendemain du rendez-vous d'Alger. Le marché et les analystes venaient d'être pris pour une seconde fois à contrepied. «Les commentaires de M.Poutine ont pris les marchés par surprise», a reconnu Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com. «Les grands pays producteurs, dont la Russie fait partie, savent à quel point les marchés sont sans pitié et pourraient bien avoir compris que s'ils ne réduisaient pas leur production cette fois-ci, les conséquences seraient catastrophiques pour eux», a-t-il ajouté. «L'approbation de la Russie a effacé l'incertitude des marchés et maintenant la situation est plus claire», a souligné pour sa part Naeem Aslam, directeur de la recherche de ThinkMarkets. L'Opep regagne incontestablement en crédibilité, confirmant l'analyse d'un expert en énergie, de pointure mondiale. «Ne nous trompons pas, l'Opep n'est pas morte et tout comme les marchés pétroliers, elle se transforme», a déclaré Emmanuel Hache, directeur de recherche à l'Institut des relations internationales et stratégiques de Paris qui a qualifié la décision d'Alger d'«historique à plus d'un titre».