Le vent d'Alger souffle toujours sur le baril Tiraillé entre une envolée spectaculaire et les déclarations d'analystes qui continuent à entretenir le doute quant à la capacité de l'Opep à geler, voire réduire sa production, le baril a malgré cette campagne «insidieuse» tiré son épingle du jeu. Les prix du pétrole ont engrangé plus de sept dollars depuis la décision historique prise le 28 septembre par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et la Russie de retrancher 750.000 barils par jour du marché. Portés par le vent qui a soufflé sur le rendez-vous d'Alger, ils maintiennent le cap. Même s'ils ont légèrement faibli hier en cours d'échanges européens. Il n'empêche qu'ils continuent d'évoluer largement au-dessus de la barre psychologique des 50 dollars. Vers 11h30 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre valait 52,87 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, soit une baisse de 27 cents par rapport à la clôture d'hier. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance se négociait à 51,08 dollars pour céder 27 cents. Les cours de l'or noir ont pourtant donné l'impression d'avoir enclenché la vitesse supérieure après les déclarations du président russe qui les ont dopés au point de leur faire atteindre leur plus haut niveau depuis une année. «Dans le contexte actuel, nous pensons qu'un gel ou une réduction de la production de pétrole est le seul moyen de préserver la stabilité du secteur de l'énergie et accélérer le rééquilibrage du marché», a affirmé le 10 octobre Vladimir Poutine dans l'allocution qu'il a prononcée à l'occasion de la tenue du Congrès mondial de l'énergie à Istanbul. Cette intervention, sans ambigüité, couplée à celle du ministre saoudien de l'Energie qui n'a qu'un cours de l'ordre de 60 dollars d'ici la fin de l'année, allaient donner des ailes au baril. «Nous voyons une convergence de l'offre et de la demande. Il n'est pas impensable qu'on arrivera (à un baril) à 60 dollars d'ici la fin de l'année», avait dit de son côté Khaled al-Faleh, lors de son intervention au Congrès mondial de l'énergie qui a eu lieu en Turquie. Le terrain était déminé. Les cours de l'or noir pouvaient prendre leur envol. C'était sans compter sur les «semeurs de troubles». Tiraillé entre une envolée spectaculaire et les déclarations d'analystes qui continuent à entretenir le doute quant à la capacité de l'Opep à geler, voire réduire sa production, le baril qui a malgré cette campagne «insidieuse» tiré son épingle du jeu, va marquer le pas. Il aura suffi d'une déclaration attribuée au patron de Rostnef, la plus grande compagnie pétrolière russe. «Le dirigeant de la plus importante compagnie pétrolière russe, Rosneft, a indiqué qu'il n'avait pas l'intention de participer à une réduction de la production», a indiqué John Kilduff de Again Capital. Ce qui ouvre la porte à une hypothétique position ambigüe de la Russie. «Nous pensons que les chances d'une réduction volontaire de la production russe sont proches de zéro puisque de nombreuses compagnies pétrolières sont privées», ont conclu par ailleurs les analystes du second groupe bancaire allemand Commerzbank dans une note. On voit cependant mal qui pourrait remettre en cause la décision annoncée par le maître du Kremlin. Les prix du pétrole ont certainement demandé à souffler car l'on était à la veille de la publication du rapport hebdomadaire du Département américain de l'Energie qui doit faire état des réserves américaines de pétrole aujourd'hui, un indicateur beaucoup plus objectif qui a tendance à traditionnellement orienter le baril. Pour le patron de British Pétroleum (BP), les prix du pétrole devraient osciller entre 55 et 70 dollars d'ici la fin de 2020. «Le prix du pétrole va osciller entre 55 et 70 dollars (le baril) jusqu'à la fin de la décennie», a estimé hier Bob Dudley qui s'est exprimé à l'occasion du Congrès mondial de l'énergie qui se déroule à Istanbul. Une prévision qui répond à l'objectif du Sommet d'Alger.