Les Maladies sexuellement transmissibles (MTS) sont un phénomène lié à la prostitution. Que fait-on pour empêcher que ces belles soient sources de danger public? Le programme de lutte contre les MST, mené depuis 1988 par un comité interministériel, ne pouvait négliger ce fait. «La prostitution est un facteur de risque important dans la propagation des Maladies sexuellement transmissibles. Les travailleuses du sexe (un terme utilisé ces dernières années en guise de remplacement du mot prostituée) ne se protègent pas toutes. Les MST, rebaptisées IST (Infection sexuelle transmissible), sont nombreuses. Les plus connues sont le sida, l'hépatite B, la syphilis, le chancre mou et l'herpès génital. On ne peut, cliniquement, les détecter car les signes ne sont pas apparents». La responsable du programme de lutte contre le sida au ministère de la Santé, le docteur Hamadi, ajoutera: «Pour la prise en charge du dossier IST sida, il existe un programme national de lutte. Ce programme remonte à 1988. Un comité national interministériel s'est constitué pour le prendre en charge. Il est composé de dix-huit ministères parmi lesquels le ministère de la Jeunesse et des Sports qui contribue surtout à l'IEC (Information, éducation et communication), le ministère des Affaires religieuses, qui essaye de prévenir les maladies en prêchant, le ministère de l'Intérieur et le ministère du Commerce, etc.» Le Docteur Hamadi, nous éclaire sur le suivi médical des prostituées. Mais elle avoue que les services de suivi ne peuvent pas traiter tous les cas vu que celles-ci consultent beaucoup plus le privé et le pharmacien que les concernés: «Le dépistage des IST n'est pas obligatoire. Elles sont libres de s'y soumettre ou pas. Si le test s'avère positif, nous les prenons en charge de sorte qu'elles ne contaminent pas les autres. Il existe quatre centres. Le plus fonctionnel est celui d'El-Kettar. Le malade est suivi du point de vue thérapeutique et psychologique. Quand on cite les IST, on pense tout de suite à la prostitution, mais beaucoup plus celle liée aux femmes. La prostitution masculine existe, mais on feint de l'ignorer. Résultat, on ne la maîtrise pas. La prostitution féminine peut être légale, même s'il demeure impossible d'établir des chiffres exacts la concernant. La prostitution illégale nous échappe, c'est pour cela que nous ne pouvons pas avoir toutes les données relatives à ce sujet. Toutes les travailleuses du sexe ne bénéficient pas d'un suivi médical. Il est impossible de les localiser. Les travailleuses du sexe, dans les maisons closes, bénéficient d'un suivi médical à raison de deux consultations par semaine que leur prodiguent des médecins spécialistes et des sages-femmes. Elles ont à leur disposition des moyens de prévention, à savoir des contraceptifs et des préservatifs. Des psychologues et des sociologues sont là aussi pour les aider. Ces prostituées se rendent à l'hôpital de leur propre gré. D'autres consultent des praticiens privés sinon elles s'adressent directement aux pharmaciens. Celles-là, aussi, nous échappent malheureusement» Il y a un centre de prise en charge à Oran qui essaye de porter assistance aux travailleuses du sexe et leur offre les médicaments dont elles ont besoin. C'est Le Docteur Mokhtari qui en assure la direction. Le processus de planification stratégique est en cours. Il est étudié par un groupe d'experts multidisciplinaires. On y trouve un volet concernant la prostitution. A défaut d'endiguer ce fléau, on en réduit les risques. Ce n'est déjà pas mal.