La situation demeure très grave dans les territoires palestiniens occupés où le boucher Ariel Sharon a donné son armada contre une population palestinienne désarmée. Ce qui se passe dans les territoires palestiniens depuis quarante-huit heures est tout simplement incroyable. Incroyable en ce sens qu'un Etat met à contribution toutes ses forces armées contre une population civile. Des bombardiers F16 et F15, des hélicoptères de combat Apache et Cobra, des chars d'assaut sont ainsi mobilisés. Contre qui? Une force militaire palestinienne équivalente? Non ! Cela a été contre des civils, des écoliers des médecins, des infirmiers, des écoles et des hôpitaux à Gaza. C'est cette population qui a été la plus touchée, hier, par les bombardements des F16 et des F15 israéliens. Le siège de l'Autorité palestinienne à Ramallah, où, selon le calcul des Israéliens, serait le leader charismatique palestinien Abou Ammar, n'a pas échappé à la furie de l'armée israélienne, de même que l'aéroport international de Gaza en partie détruit. Une armada contre un peuple désarmé, c'est unique dans les annales. Aucune cause ne peut légitimer ou justifier ces assassinats collectifs de la population palestinienne. Mais il se trouve que c'est la politique délibérée choisie, dès son accession au pouvoir, par Ariel Sharon, qui fit de la destruction de l'Autorité autonome palestinienne son objectif primordial. Et détruire l'Autorité autonome c'est aussi faire clairement savoir que, pour l'actuel chef du gouvernement israélien, le processus de paix n'est plus son problème. Depuis son installation à la tête de l'Etat hébreu, Sharon a tout fait pour affaiblir Yasser Arafat, mettre en doute son autorité, tout cela dans la perspective de délier Israël de ses engagements dans le processus de paix. D'ailleurs dans une première réaction, le chef de la diplomatie française Hubert Védrine, n'a pas manqué de relever que «Arafat est affaibli par le harcèlement de l'armée israélienne (...) et, après, on prend argument de cet affaiblissement pour dire que puisque il n'arrive pas à rétablir l'ordre chez lui, il faut, en quelque sorte, l'éliminer», ajoutant: «C'est une politique qui a l'air délibérée malheureusement.» Les morts palestiniens (et aussi israéliens) de ces derniers mois sont essentiellement dus à la politique délibérée du pire du chef du Likoud, la formation de droite d'Ariel Sharon, qui n'a jamais accepté ni envisagé de faire la paix avec les Palestiniens. La dégradation de la situation dans la région est de son seul fait au point de créer une fissure dans le gouvernement d'union avec la menace de Shimon Peres de quitter le gouvernement . Il ne fait pas de doute, dans les territoires palestiniens occupés, que le gouvernement israélien, en donnant l'armada contre une population civile désarmée, a commis un crime de guerre que condamne notamment la quatrième convention de Genève de 1949. Mais Israël a-t-il jamais tenu compte des textes et résolutions internationaux, ne reconnaissant que la loi de la force qu'il a jusqu'ici pu mener dans l'impunité grâce à la protection que lui apportent les Etats-Unis? Aussi, est-il plus que jamais urgent que les Nations unies reprennent pied au Proche-Orient et imposent une force internationale d'interposition comme n'ont cessé de le réclamer les Palestiniens depuis l'avènement de la violence dans la région. Seuls Israël et les Etats-Unis s'opposent à la mise en oeuvre de cette force internationale avec pour résultats une dégradation continue de la situation.