«Le gouvernement ne reviendra pas sur l'annulation de la retraite anticipée» La suppression de la retraite anticipée, selon le gouvernement, n'est pas une décision injuste, mais plutôt une contrainte technique. L'appel de plusieurs syndicats autonomes à observer un mouvement de grève générale demain et après-demain pour protester contre la suppression de la retraite anticipée, est l'événement qui marque le plus ces jours-ci l'actualité nationale. L'événement devient de plus en plus important, alors que le gouvernement tente d'apaiser cette tension sociale que d'aucuns veulent maintenir, à des desseins inavoués. Hier, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit a appelé les syndicats de l'éducation qui appellent à la grève des 17 et 18 octobre prochains contre la réforme des retraites à faire preuve de responsabilité et à «protéger la scolarité des enfants», rapporte la Radio nationale. S'exprimant en marge d'une rencontre avec le ministre du Travail, Mohamed El Ghazi, Mme Benghebrit a rappelé que ce débrayage n'avait aucune relation avec les «questions pédagogiques». La ministre a également souligné le fait que ce projet soit soumis aux élus de l'APN et aux membres du Conseil de la nation qui devront trancher. L'appel de la ministre n'a pas trouvé d'échos auprès des syndicats concernés. Dans un communiqué, ces derniers, (l'Unpef, Snapast, Snapap, Satef et le Cla), ont jugé l'initiative de Mme Benghebrit, «malsaine» et qui vise à «dissuader les syndicats de ne pas prendre part au mouvement de grève générale» auquel a appelé l'intersyndicale dans sa réunion du 10 octobre dernier. «Il est hors de question pour nous de faire marche arrière concernant notre décision de marquer la grève», pouvait-on lire dans le communiqué. L'Intersyndicale, regroupant huit syndicats dans différents secteurs a, rappelons-le, fixé comme cap pour son mouvement de grève, la suppression pure et simple de la loi interdisant le départ à la retraite anticipée. En cas de non-satisfaction de ces revendications durant la grève des 17 et 18 octobre, un autre mouvement aura lieu les 24 et 25 de ce mois, a encore menacé l'Intersyndicale dans son communiqué sanctionnant les travaux. Le silence des autorités, apprend-on par ailleurs des sources concordantes au Palais du gouvernement, ne signifie pas indifférence, mais c'est une attitude qui confirme l'intention du gouvernement de ne pas céder sur les décisions prises jusque-là. Le Premier ministre était, indiquent nos sources, tout à fait clair dans ses déclarations faites le 1er septembre dernier au Parlement, indiquant que «le gouvernement ne reviendra pas sur l'annulation de la retraite anticipée. Les personnes désirant partir en retraite anticipée ont le temps de faire valoir leurs dossiers jusqu'à la fin de l'année en cours». Le gouvernement, selon le Premier ministre, ajoutent nos sources, a déjà cédé par rapport à la question, en maintenant le départ à la retraite anticipée des personnes exerçant des métiers pénibles et des femmes. La suppression de la retraite anticipée, a fait savoir Abdelmalek Sellal, à cette occasion, n'est pas une décision arbitraire de la part du gouvernement. Elle est plutôt une contrainte technique. «La Caisse nationale des retraites (CNR) est déficitaire. De son côté, Mohamed El Ghazi, ministre du Travail, de l'Emploi et de le Sécurité sociale, avait affirmé récemment au Forum du journal arabophone Echaâb, que la CNR n'a pas de ressources, en dehors des cotisations des employés et des subventions de l'Etat. «Continuer à permettre aux travailleurs de partir en retraite anticipée et sans conditions d'âge serait suicidaire pour la CNR.» Et de faire remarquer: «La suppression de la retraite anticipée serait une décision injuste, si par exemple la CNR investissait son argent ou bénéficiait de l'entraide des autres caisses comme c'est le cas dans d'autres pays dans le monde.» La meilleure preuve que l'Etat n'a pas de mauvaises intentions à l'égard des travailleurs, est le maintien de départ à la retraite anticipée pour les employés exerçant des métiers pénibles et pour les femmes, s'est- il défendu. Le départ à la retraite, s'accordent à dire par ailleurs de nombreux experts, a toujours causé des préjudices pour l'économie nationale, et ce, dans la mesure où elle permettait le départ des cadres et des compétences sans avoir fait bénéficier les nouvelles générations de leurs compétences et expériences, ni donné le maximum de leur savoir-faire. Le pire dans tout cela, ajoutent-ils, est que ces cadres rejoignent le secteur de l'informel et le font développer au détriment du formel et de l'économie nationale.