L'UGTT rejette le projet de loi de finances 2017 L'UGTT, contrairement à Utica qui a accueilli le projet avec une certaine sérénité, a rejeté l'ensemble des dispositions du projet de loi de finances 2017, en particulier celle qui concerne le gel des salaires. Une des promesses de Youcef Chahed, au moment de la présentation de son équipe gouvernementale, est en passe d'être tenue. La lutte contre la corruption serait bel et bien concrétisée et la volonté du nouveau chef du gouvernement de combattre ce fléau confirmée. C'est en tout cas ce que laisse apparaître la toute récente rencontre entre Chahed et le président de l'Instance nationale de lutte contre la corruption, Chawki Habib, qui lui a remis un rapport contenant une liste de quelque 200 noms de «parties impliquées dans des dossiers portant sur des dépassements et des abus administratifs». Youcef Chahed a réitéré pour la circonstance sa détermination à rendre publics les résultats des enquêtes, dès leur clôture. Mais il a, pour l'heure, d'autres soucis, depuis que l'Ugtt a publié un communiqué incendiaire dans lequel la Centrale syndicale condamne une «rupture unilatérale» du dialogue par le gouvernement dans le projet de loi de finances 2017. Soumis à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), ce texte recèle des mesures sévères que rejette «catégoriquement» l'Ugtt. Il résulte de la signature par la Tunisie d'un nouveau plan d'aide du FMI, d'un montant de 2,6 milliards d'euros sur quatre ans, en échange d'une série de réformes. Lesquelles portent entre autres sur le gel des salaires, voire une ponction ciblée, l'arrêt des recrutements dans la fonction publique et le non-remplacement des départs à la retraite ou des démissions. L'Ugtt, contrairement à Utica qui a accueilli le projet avec une certaine sérénité, a rejeté l'ensemble des dispositions du projet, en particulier celle qui concerne les salaires, arguant que ce n'est pas aux travailleurs de payer la facture de la mauvaise gestion des gouvernements qui se sont succédé depuis 2011 et rappelant, à juste titre, qu'elle avait déjà mis en garde contre une politique visant à «alourdir les charges des salariés et du peuple, en général». La Centrale syndicale qui n'a pas fermé la porte à la négociation pour autant, s'agissant de la hausse des salaires dans le secteur privé pour 2016 et 2017, reproche à la nouvelle équipe l'absence d'une volonté réelle de combattre la corruption, l'évasion fiscale, de recouvrer les créances des sociétés et entreprises et surtout de prendre des engagements extérieurs injustes et préjudiciables à la souveraineté de la Tunisie. D'emblée, voilà le nouveau chef du gouvernement confronté à un défi de taille puisque l'Ugtt a déjà appelé à une vaste mobilisation des travailleurs pour défendre leurs droits, même si son secrétaire général, Houcine Abbassi se veut conciliant et coscient de l'état préoccupant des finances de l'Etat. Après avoir pris part aux larges consultations pour la constitution du gouvernement Chahed, l'Ugtt s'en démarque brutalement et refuse le lien qui est fait entre la présence de ministres issus de ses rangs et sa propre feuille de route. En clair, elle anticipe les évènements cruciaux qui se profilent à l'orée de 2017 et dont tout indique qu'ils seront lourds de sacrifices pour les couches défavorisées Abassi a certes rencontré hier le président de l'ARP Mohamed Ennaceur, mais rien de substantiel n'est sorti de ces discussions, sinon que l'exigence du FMI sur la réduction de la masse salariale va impacter au premier chef les salariés dans une conjoncture économique régressive.