C'est à partir d'Annaba que sera entamée, aujourd'hui, sur initiative du CCF, la tournée nationale de cette pièce qui porte sur l'exil... Pour le chorégraphe Kader Attou, la danse, en particulier le hip-hop, est un outil porteur de message. Neuf danseurs : cinq Français (d'origine algérienne) et quatre Algériens : Kader Attou (ou Kader Chelef), Abdenour Belalit, Mabrouk Guicem, Rachid Hamchaoui, Salem Mouhajir, Amine Aliouat, Fouaz Bounechada, Amine Boussa et Abdellah Hirèche présentent sur scène le projet De l'autre côté de la mer. Celui-ci s'inscrit dans la continuité de l'Année de l'Algérie en France. Une pièce intitulée Douar, qui faisait partie du spectacle Makech Mouchkil. Cette pièce a été retravaillée à l'issue d'une résidence de création en partenariat à Châteauvallon et au théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine. Cela a permis à Kader Attou d'élargir son propos et de prendre du recul par rapport à la thématique algérienne. Aussi, Kader Attou s'essayera à travers la danse à démontrer son envie d'exister. Danser, c'est vivre, tente-t-il de nous dire. Au-delà de cette rencontre entre des jeunes des deux rives de la Méditerranée, il s'agit de la restitution vers la «terre des origines», de l'introduction d'un certain rêve rendu possible par la fraîcheur et l'imaginaire de la chorégraphie, du mouvement du corps qui tend à exprimer selon son propre langage, une idée, une sensation, une revendication sociale, un ras-le-bol... Pour Kader Attou, chorégraphe de la troupe Accroap, il s'agit de mettre en espace la notion d'ennui, d'enfermement et le rêve de liberté qu'ont beaucoup de jeunes Algériens assoiffés d'évasion dont le désir ardent est de partir ailleurs. Se pose la question de l'exil et par ricochet, la question de réfléchir sur cette envie et les sentiments qui l'entourent, de développer, de formuler et de mener par le geste, le chemin qui mène vers l'émotion, le miroir de nos quêtes... Tristesse, solitude, peur, oisiveté, espoir, Douar retrace en musique et danse, le parcours existentiel de nombreux jeunes désemparés, paumés, pris entre la tourmente du temps qui passe et le désir de respirer, d'avancer, d'exister. Acrobate de formation ayant pratiqué à l'Ecole du cirque de Saint-Priest, dans la périphérie lyonnaise, Attou sera très vite séduit par le mouvement hip-hop. Mettant à profit ses qualités «sportives», il crée des formes originales d'expression corporelle. En 1993, sa troupe s'associe avec le plasticien Gilles Rondot et devient une compagnie professionnelle. Ce dernier signe la scénographie de Douar. A voir, cette pièce sera présentée aujourd'hui à Annaba, les 15, 17 et 19 mars, respectivement à Constantine, Alger (salle Ibn Khaldoun) et Oran (auditorium de l'université des sciences et de la technologie Mohamed-Boudiaf).