le livre passe en revue l'architecture juridique de la non-prolifération et du désarmement nucléaires. A l'occasion du Salon international du Livre d'Alger, qui se tient au Palais des expositions des Pins maritimes, du 27 octobre au 5 novembre 2016, un ouvrage édité par Casbah éditions et intitulé «Le défi nucléaire, l'atome dans les relations internationales» retient particulièrement l'attention en ces temps d'instabilité où commentateurs et hommes politiques n'hésitent plus à évoquer de plus en plus ouvertement les risques d'une Troisième Guerre mondiale. Le livre s'ouvre, d'ailleurs, sur une citation (prémonitoire?) d'Albert Einstein qui disait à propos de la bombe atomique: «Je ne sais pas avec quelles armes sera menée la Troisième Guerre mondiale, mais je sais que la Quatrième le sera avec des bâtons et des pierres.» C'est qu'en créant l'arme nucléaire, l'homme a mis au point le moyen de sa propre destruction. L'humanité vit avec «l'épée de Damoclès nucléaire» suspendue sur la tête depuis 70 ans; depuis que les Etats-Unis ont procédé au premier essai d'une bombe nucléaire dans le désert du Nouveau Mexique un certain 16 juillet 1945 (Projet Manhattan), avant de larguer deux autres sur les villes japonaises d'Hiroshima et de Nagasaki, respectivement les 6 et 9 août suivant. En deux flash nucléaires, des centaines de milliers de personnes perdirent la vie ou furent mutilées et handicapées à vie. La course à l'arme nucléaire qui s'ensuivit, dans un contexte de guerre froide et d'affrontement idéologique, notamment entre les Etats-Unis et l'Urss, conduisit ces deux puissances à se doter d'arsenaux capables de détruire toute trace de civilisation humaine. Cette issue tragique pour l'humanité relève toujours du possible, malgré les réductions drastiques de ces arsenaux après la fin de la guerre froide. En raison de la prolifération horizontale (multiplication des Etats dotés de l'arme nucléaire qui sont aujourd'hui au nombre de neuf) et verticale (armes de plus en plus puissantes), le monde court toujours le risque de son anéantissement. Pourtant, au départ, l'énergie nucléaire était tournée vers le progrès et le bien-être de l'homme. Elle continue de viser ces objectifs à travers ses applications civiles. La communauté internationale n'a pas ménagé ses efforts pour faire prévaloir cette dimension en multipliant les efforts de non-prolifération et de désarmement. Après un rappel des étapes qui ont conduit le monde au bord du gouffre, le livre passe en revue l'architecture juridique de la non-prolifération et du désarmement nucléaires: instruments juridiques multilatéraux (statut de l'Aiea, Traité sur la non-prolifération nucléaire ou TNP, Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires ou Ticen, plus connu sous le sigle anglais Ctbt); instruments régionaux (Zones exemptes d'armes nucléaires ou Zean); instruments bilatéraux (Traités sur la limitation -Salt- puis la réduction -Start- des armes stratégiques entre les Etats-Unis et l'Urss puis Russie). Le livre signale aussi les insuffisances qui ne permettent pas d'atteindre l'irréversibilité en prévision d'un «monde sans arme nucléaire» qui apparaît comme un simple slogan politique, ne reflétant aucune réalité. C'est que les Etats nucléarisés ne veulent pas renoncer à leurs «privilèges». Faisant preuve d'égoïsme, ils ont délibérément sacrifié l'intérêt général sur l'autel de leurs propres privilèges. Cette question divise profondément le monde entre les Etats dotés de l'arme nucléaire, considérée par ces derniers comme une simple arme de dissuasion, et le reste de la communauté internationale, notamment les pays du Sud qui demandent un désarmement général et complet, partant du principe qu'une arme est fabriquée pour être utilisée et que le meilleur moyen pour ne pas l'être est sa destruction. La meilleure preuve justifiant les craintes des pays du Sud (outre Hiroshima et Nagasaki) est fournie par les crises nucléaires qui ont mis le monde au bord d'une guerre dévastatrice comme, par exemple la crise des missiles de Cuba en 1962. A ce titre, le livre insiste sur les crises actuelles comme celles de la Corée du Nord et de l'Iran qui sont décrites avec plus de détails. Comme il s'attarde sur le cas de trois pays restés en dehors du TNP: Inde, Pakistan ainsi qu'Israël qui tient une place particulière dans ce trio. Sont abordées également les accidents survenus dans les centrales nucléaires: Three Mile Island (Etats-Unis, 1979), Tchernobyl (Ukraine, 1986) et Fukushima (Japon, 2011) qui ont mis le monde en émoi. Ceux-ci nous rappellent que le nucléaire civil n'est pas sans danger car, malgré les efforts faits en matière de sécurité et surtout de sûreté, le risque zéro n'existe pas. Mais que représente un accident nucléaire aussi grave soit-il comparé à une attaque nucléaire? Nucléaire civil, nucléaire militaire. Voici deux faces d'une même médaille qui méritent et doivent être connues pour mieux comprendre le rapport de force qui préside aux relations internationales. L'auteur du livre, Hocine Meghlaoui, un ancien ambassadeur qui fut le négociateur algérien du Traité d'interdiction des essais nucléaires, à la Conférence du désarmement de Genève, nous invite à une véritable initiation dans un domaine que les Etats s'évertuent à soustraire au débat public. Ecrit dans un style simple et expurgé des détails techniques non utiles à la compréhension du sujet, il est accessible à un large public pour lui permettre de mieux déchiffrer un sujet qui concerne le devenir de l'humanité, mais qui, paradoxalement, relève des secrets les mieux gardés par les gouvernements. L'auteur sera au salon du livre chez Casbah Editions le dimanche 30 octobre 2016, à 15 h, pour dédicacer son livre.