Accompagnant le mécontentement populaire, le mouvement des citoyens médiatiquement connu sous le vocable de ârchs s'apprête à peser sur la rentrée. Se déclarant non partisan, le mouvement qui commence tout de même à connaître un petit recul d'audience entend se réapproprier la scène, à partir du 20 août. De la gestion de cette action dépend, en fait, l'avenir. Né dans le sillage de la protesta qui a mûri en Kabylie à la suite de nombreuses erreurs et de plusieurs dépassements de l'administration et de certains corps des services de sécurité, le mouvement des citoyens qui a conduit, tambour battant, une multitude d'actions dont certaines sont d'envergure, peut apparaître, aux yeux d'observateurs non avertis, comme arrivé à son extrême limite. Alors qu'affirmer cela peut passer pour une grossière erreur d'appréciation. Certes, observer la rue en ces temps caniculaires, ne voir que certaines actions «spontanées» et entendre un seul son de cloche qui voudrait faire passer les «ârchs», pourtant « new-look », pour un archaïsme, c'est pour le moins, faire preuve d'une «crasse» ignorance de la réalité. Les ârchs certes, l'ont répété à l'envi, mieux, ils ont fait signer à tous les délégués des coordinations et ce, de la base au «sommet», un code d'honneur, assez explicite. C'est ainsi qu'aux attaques de ceux qui voient en eux de virtuels candidats aux élections ou encore ceux qui les taxent de vouloir créer une formation politique, les animateurs, les plus en vue, les renvoient aux dispositions contenues dans les «Iarrêtés» des divers conclaves. On a évoqué, à propos du mouvement des citoyens, toutes les tares possibles ou du moins, ce qui pour certains sont des tares : partisans, main de ceci, pied de cela, extrémisme et tutti-quanti. La réalité est, heureusement, d'une autre nature! Certes et, comme dans tout mouvement populaire qui n'a comme structure que la seule volonté populaire et comme moteur que le seul désir de canaliser une colère bien réelle, une colère liée à une certaine «gouvernance» que le pays a connue pratiquement depuis l'indépendance. Que des militants de partis se retrouvent impliqués dans le mouvement, et voici que tous les doigts accusateurs se pointent. Alors que faire de la politique est justement l'expression d'un droit citoyen. Mais, un peu plus de trois décennies d'un régime monopartisan, cela laisse des traces y compris dans les rangs de... l'opposition. Il peut également se trouver et, il n'y a, là, rien de stupéfiant, que dans le mouvement qui se veut et se déclare pacifiste, existent des «amateurs de la solution musclée». Se comptant notamment sur les doigts d'une seule main et parmi la jeunesse, car la plus durement touchée par la crise multiforme que traverse le pays, cette composante du mouvement est tout de même: «IAssez bien prise en mains» par les sages. C'est d'ailleurs cette force du mouvement qui fait aussi, en quelque sorte, sa faiblesse. C'est tout à l'honneur du mouvement d'avoir su fédérer toutes les tendances, toutes les tranches de la société. Cependant, et c'est là que le bât blesse, ces jeunes «excités» font un peu de mal au mouvement, même si tout le monde comprend «Ila colère», il reste que tout le monde vous dira que «cette façon de répliquer à la hogra et à la violence joue finalement contre la population». Il va de soi qu'en citant les «excités/», on ne parle nullement des «émeutiers». Ceux-là ne sont généralement qu'une réplique spontanée à ces «continuelles provocations» de la part de certains agents des corps de sécurité. Certes, là aussi, il faut savoir faire la part des choses, dans une foule en colère, il peut toujours arriver que se glissent des... malandrins dont les revendications populaires ne sont nullement... leur tasse de thé! Il reste, maintenant, le «gros morceau». L'Etat, de par la voix de certains hauts responsables, affirme vouloir rechercher le dialogue et les ârchs donnent cette impression de rejeter cette voie. Là aussi, énormément de gâchis est en train de se faire. Les deux parties: l'Etat et le mouvement des citoyens se regardant en chiens de faïence. Les uns comme les autres attendant que la fatigue, l'étiolement ou l'essoufflement s'emparent des autres. A ce jeu-là, il semble que seul l'Etat soit perdant. Car un mouvement quand bien même arriverait-il à sa fin, sème toujours des graines et les «graines» qui poussent sont généralement plus «robustes» que les précédentes. L'Etat donc, à travers les sorties pour le moins tumultueuses de M. Zerhouni, multiplie les «maladresses» en s'en prenant tantôt aux uns, tantôt aux autres, dans l'espoir de susciter une «impossible alternative». La grosse question qui est, aujourd'hui, sur toutes les lè- vres est celle consistant à savoir, en quoi une marche pacifique à Alger avec remise au chef de l'Etat d'une plate-forme de doléances et demandes dérangerait? Les ârchs, unanimes, vous diront qu'une fois cette plate-forme remise à qui de droit et une fois les demandes formulées satisfaites, le mouvement considérant alors sa mission terminée, s'effacerait au profit des autres représentants de la nation. Aussi, au lieu de tout faire pour «écouter la population», l'on s'évertue à parier sur une prochaine... extinction d'un mouvement. Mouvement alimenté, renforcé, fortifié par ces incompréhensibles refus. Alors pour l'heure, la population continue à se tenir le ventre en suivant les actions programmées. D'Alger à Ifri en passant par Boumerdès, Tizi Ouzou, Bouira, Béjaïa... un mur est en train de s'édifier!