Le mouvement citoyen est en face de deux grandes actions : l'une au plan intérieur, l'autre sur la scène européenne. De ces deux « moments », importants dans la vie du mouvement, la rencontre « européenne » est, sans doute, celle qui suscitera le plus de... polémique. En attendant la rencontre des délégués de la Coordination interwilayas de jeudi prochain à M'chedallah, le mouvement citoyen semble face à plusieurs questionnements. Il y a d'abord cette idée de conférence nationale, appuyée par les délégués proches du RCD et violemment rejetée par la base, qui lui préfèrent plutôt l'organisation de concertations entre toutes les parties. Selon des sources, généralement très bien informées, le RCD essaie de faire les yeux doux au mouvement en proclamant «urbi et orbi» qu'il est toujours à ses côtés. En fait, ajoutent les mêmes sources, la cible est de faire main basse sur les ârchs, à travers ses relais présents dans la Cadc. Il est évident, pour tous, que ce qui est poursuivi est un «rajout» de ses revendications partisanes à la plate-forme d'El-Kseur, ce qui est visé, évidemment, étant l'adjonction de la «refondation nationale» si chère au parti «républicain». Des proches du FFS se sont montrés réticents à propos de la conférence nationale, même s'ils avouent que «la direction du FFS n'a pas été consultée à ce sujet». Ainsi, pour eux, avec cette conférence nationale, s'engouffreraient dans la brèche, aussi bien le RCD qui, alors essaierait de se «replacer» dans la société après que cette dernière lui eut signifié... son peu d'ancrage, que les autres «particules» qui, sur le tard, se sont découvert des vertus... démocratiques. Ainsi, le MDS ou plutôt des éléments s'en réclamant, tentent d'élargir la contestation afin, non pas de «nationaliser» les revendications d'El-Kseur, mais de déstabiliser plutôt le pouvoir en place. Au lieu de se poser en alternative et de chercher à moduler leur verbe dans le but de faire faire au pays un pas en avant, l'on concentre les tirs sur des personnes. Aussi, l'idée même de cette conférence, pompeusement baptisée nationale, n'a pas obtenu le consensus des délégués au sein des coordinations. Déjà, que les objectifs poursuivis ne sont nullement clairs pour tous, la trame de cette «réunion» n'étant même pas développée. C'est ce qui a motivé et motive toujours son rejet par la base. Un autre mouvement, le MAK a, quant à lui, opéré un certain retrait tactique de ses «délégués», les plus en vue, du mouvement. C'est en somme tout cela, qui fait que cette conférence est rejetée... aux calendes grecques. A l'allure où vont les choses, la concertation, défendue par plusieurs délégués, a plus de chance d'aboutir. Par ailleurs, et comme annoncé dans notre édition d'hier, des délégués des ârchs auront à se rendre incessamment en Europe. Il semble que outre des «entretiens» avec certaines personnalités européennes, notamment Noël Mamère l'écologiste et d'autres députés au Parlement européen, les délégués pourraient participer au Forum sur la citoyenneté que compte organiser le mouvement pour la paix. Des sources affirment qu'un «proche» de la Cadc, membre algérien de ce mouvement, est à la base de cette participation. Les ârchs auront ainsi à participer à ce forum avec cinq délégués que le mouvement aura à élire. Lors de ce forum, a-t-on appris, les délégués du mouvement citoyen auront à développer le thème portant sur les rapports du mouvement avec le pouvoir, avec la société et avec les partis politiques. Ce «voyage» parisien qui pourrait, donc, avoir lieu le 22 février prochain, pourrait servir les intentions du mouvement qui, et ce n'est un secret pour personne, cherche à internationaliser le problème. Le mouvement, loin de s'en cacher, l'a plutôt montré, si l'on se réfère à son action : tentative de remettre au délégué onusien à Alger une lettre destinée au secrétaire général de l'ONU, M.Kofi Annan. Il reste que le mouvement citoyen est lourdement interpellé, aujourd'hui, face à ce qui paraît être un blocage, il lui est demandé de rechercher une sortie honorable, et ce, au seul bénéfice de la région. A moins que les élections qui s'annoncent n'attisent les tentations, ce qui, alors, serait une autre affaire!