Il y avait foule, hier pour rendre hommage au héros «Nous avons vécu avec lui, mais son amour pour l'Algérie et la lutte pour son indépendance dépassaient tout entendement» témoignent ses compagnons d'armes. L'histoire en perpétuelle marche a fait escale hier à Aït Attsou pour se remémorer un grand homme qui a tout donné pour l'Algérie. Cette halte de l'Histoire qui poursuivra sa marche avec Si Lhafidh qui restera éternel. Ils étaient d'ailleurs tous là pour lui rendre un vibrant hommage et surtout témoigner pour l'Histoire devant les générations futures de la vie chargée de lutte et de sacrifices pour son pays. Si Lhafidh a tout donné pour l'Algérie, sa jeunesse, les meilleures années qu'il devait passer avec ses enfants et toute sa vie. «Nous avons vécu avec lui mais son amour pour l'Algérie et la lutte pour son indépendance dépassaient tout entendement. On ne le voyait que rarement. Toute sa vie, il l'a dédiée à son pays, Allah yerahmou, mon défunt mari». Les paroles de sa veuve que nous avons abordée lors de l'hommage qui lui a été rendu hier à l'occasion du 1er Novembre étaient chargées d'émotion, mais surtout expliquaient à quel point, Abdelhafidh Yaha dit Si Lhafidh consacrait toute sa vie au combat, d'abord pour l'indépendance puis le recouvrement de la liberté et de la démocratie. Car en effet, après une lutte âpre faite de sacrifices pour l'indépendance, l'enfant d'Aït Attsou a décidé de poursuivre le combat pour la démocratie en compagnie d'amis de combat qui ont marqué, comme lui, l'histoire contemporaine de notre pays. Si Lhafidh a été l'un des fondateurs du Front des forces socialistes, avec Hocine Ait Ahmed et Mohand Oulhadj. D'ailleurs, ils étaient tous là, ses compagnons encore vivants, hier mardi, 1er Novembre 2016, pour lui rendre un grand hommage. Un monument a été inauguré par la même occasion à son village, Aït Attsou, situé à Iferhounène. Une grande foule était présente à l'occasion, aux cotés de sa famille, sa veuve, ses enfants et tous ses proches. Il faut signaler que l'accueil et la disponibilité de sa veuve et de ses enfants envers les invités étaient légendaires. Il y avait de la reconnaissance mutuelle et du respect relevé d'une grande sympathie. La famille Yaha a été vraiment à la hauteur de l'évènement. Parmi la foule venue rendre hommage à Si Lhafidh, il y avait ses amis de lutte, comme les anciens du FFS mais également des moudjahidine, anciens compagnons de lutte et beaucoup de personnes des autres générations. Les jeunes étaient fortement représentés. Il faut dire que la vie faite de lutte sans relâche de Si Lhafidh a marqué toutes ces générations. En fait, hier à Aït Attsou, l'ambiance était festive mais chargée d'émotion. Le petit village pittoresque a été submergé par les cortèges de véhicules qui arrivaient dès les premières heures. L'exiguïté du village était toutefois élargie par l'organisation sans faille des jeunes. A l'arrivée, au bout d'une côte, les regards enchantés par les monts escarpés et dorés par les rayons du soleil qui commençaient juste à faire des clins d'oeil aux cimes du Djurdjura. L'accueil se faisait avec une grande courtoisie et sympathie par les enfants et la veuve de Si Lhafidh qui étaient d'une grande disponibilité envers les invités qui avaient chacun une ou plusieurs questions à poser sur le personnage. C'est l'ancienne maison qui abritait le mémorial qui lui est désormais dédiée. Située à l'entrée du village, elle a accueilli plusieurs centaines de personnes de tous âges. L'organisation qui n'a montré aucune faille a su surmonter avec brio le dépôt des gerbes de fleurs ainsi que le recueillement des organisations nationales, des moudjahidine et des sections communales qui ont tenu à déposer chacune des gerbes de fleurs. La diversité du monde venu rehaussée la présence de grandes figures, telles que le grand artiste Lounis Aït Menguellet. Après la séance d'inauguration du mémorial et le dépôt des gerbes de fleurs, les invités ont été conviés à un sympathique banquet. Nous quittons alors, submergés par l'émotion, la maison de Si Lhafidh et le village Aït Attsou. L'histoire de l'Algérie aussi poursuit sa marche portant l'empreinte, indélébile de Si Lhafidh et des hommes qui ont donné comme lui leur vie pour son indépendance. L'homme est décédé à quelques jours d'intervalle seulement de Si Lhocine. Il est né dans ce petit village un certain 26 janvier 1933. En 1949, alors qu'il est déjà initié à la politique avec les scouts, il émigre en France avec son père. La nombreuse communauté algérienne qui se trouvait dans les Ardennes a ainsi grandement contribué à le forger politiquement. Comme si la participation à la guerre en France ne lui suffisait pas, Si Lhafidh rentre au pays, en 1954 où il retrouvera les grands militants comme Amar Ath Cheikh. Si Lhafidh entraînera toute sa famille dans la guerre après avoir éliminé l'administrateur de la ville de Michelet, Bighetti de Flogny. Fidèle à son caractère, Si Lhafidh s'opposera clairement et avec arguments à l'appui, à l'opération «La bleuite» tout en le signifiant clairement à Amirouche Aït Hamouda. Infatigable au sens propre du terme, il mènera une autre action spectaculaire quelques jours avant la fin de la guerre de libération à Aït Lqaïd. Intraitable sur ses principes, Yaha Abdelahafidh, à l'issue de l'indépendance, considérera sans ambages que ceux qui ont survécu à la guerre ont failli à leur serment et il le dit clairement. Pour joindre le geste à la parole, comme à son habitude, Si Lhafidh sera partie prenante dans la création du Front des forces socialistes en 1963.