Hillary Clinton-Donald Trump, le dernier virage A deux jours d'une élection qui tient le monde en haleine, Hillary Clinton et Donald Trump étaient engagés hier dans une course frénétique, avec une avalanche de meetings, pour grappiller toutes les voix possibles. La candidate démocrate, qui espère succéder à Barack Obama et devenir la première femme présidente de l'histoire américaine, a prévu un ultime rassemblement électorale en Caroline du Nord lundi à... minuit, soit quelques heures de l'ouverture des bureaux de vote sur la côte Est. Appelant à la mobilisation dans «le sprint final», l'ancienne Première dame, 69 ans, a affiché sa confiance à Philadelphie, prédisant un message clair des électeurs, «de l'est à l'ouest et du nord au sud» des Etats-Unis. Le dernier sondage ABC/Washington Post donne 5 points d'avance à la démocrate (48%/43%) face au républicain au niveau national mais la moyenne des différents instituts pointe vers un score plus serré. Preuve du climat de tension qui règne à l'issue d'une campagne particulièrement agressive, la brève évacuation de scène de Donald Trump lors d'un meeting dans le Nevada samedi soir, motivée par la présence d'un homme supposé menaçant, a suscité un cascade de réactions extrêmes. Si aucune arme n'a été retrouvée sur les lieux, selon le Secret Service, chargé de la sécurité des candidats, l'un des fils du candidat, Donald Trump Jr, a repoussé un tweet évoquant, sans éléments tangibles, «une tentative d'assassinat». En réalité, l'homme qui brandissait une pancarte «Les républicains contre Trump» a expliqué avoir été frappé au sol avant que quelqu'un, dans la confusion, crie «arme» et que la sécurité intervienne. Il a très vite été relâché. Samedi soir, fidèle à sa ligne, rejetant les sondages quand ils lui sont défavorables, les brandissant quand ils lui sourient, l'homme d'affaires de 70 ans a assuré que la victoire était proche. «Dans trois jours, nous allons gagner la Colorado et nous allons gagner la Maison Blanche», a-t-il déclaré à Denver. Le candidat du Grand Old Party, qui enchaîna cinq meetings hier puis quatre aujourd'hui, a déroulé ses thèmes favoris, assurant qu'une présidence Clinton serait «un désastre dès le premier jour». «Nous sommes à trois jours du changement que vous avez attendu toute votre vie», avait-il lancé quelques heures plus tôt en Caroline du Nord. L'équipe Clinton a annoncé un meeting aujourd'hui dans le Michigan, Etat remporté facilement par Barack Obama en 2008 et 2012. «Je pense qu'elle perd son temps. Plutôt que d'aller dans le Michigan, elle devrait rentrer chez elle et se reposer», a ironisé son rival. Pour le milliardaire, le défi s'annonce difficile: remporter nombre de ces Etats-clés en ralliant notamment les électeurs de l'Amérique rurale et éventuellement parvenir à renverser en sa faveur un Etat penchant traditionnellement du côté démocrate. D'où le retour samedi matin en Floride des deux adversaires: la péninsule ensoleillée du sud-est des Etats-Unis a souvent été décisive pour la présidentielle américaine. Elle apportera 29 grands électeurs à qui la gagnera. Le magnat populiste compte sur les légions de retraités établis là-bas, Mme Clinton veut y séduire l'important électorat hispanique. Hillary Clinton continuait elle de s'appuyer sur une ribambelle de vedettes. La superstar Jennifer Lopez était la tête d'affiche d'un concert samedi dernier à Miami, et vendredi soir, 10.000 fans de hip hop ont rempli une salle de Cleveland, attirés par le concert gratuit donné par la «reine» Beyoncé et Jay Z. Samedi soir, c'est la chanteuse Katy Perry qui est montée sur scène à Philadelphie pour «Hillary», entonnant son tube «Roar», qui figure dans la playlist officielle de la candidate. Ces grands concerts, organisés et financés par l'équipe Clinton dans des bastions démocrates, visent à mobiliser les abstentionnistes. Mais Hillary Clinton n'a pas inventé cette technique, portée à son paroxysme par Barack Obama en 2008, qui attira avec Bruce Springsteen 80.000 personnes à Cleveland à quelques jours du vote. «Je n'ai pas besoin de Beyoncé, je n'ai pas besoin de Jay-Z», a rétorqué - sous des applaudissements nourris - Donald Trump, jugeant le procédé «déshonorant» pour le processus politique. A l'étranger, le président allemand Joachim Gauck, d'ordinaire discret, s'est dit dans une interview hier préoccupé par l'éventualité d'une victoire de Donald Trump, qu'il juge «imprévisible», et par le risque d'une évolution autocratique aux Etats-Unis.