Makri évoque pour la première fois l'opposition de Soltani à la participation du parti à l'élection présidentielle de 2014. Abderrezak Makri sort de son discours habituel en se mettant cette fois-ci en position offensive contre son rival à la direction du parti Bouguerra Soltani. Les deux personnages clés du Mouvement de la société pour la paix (MSP) semble-t-il, ne peuvent dépasser leurs divergences politiques et chacun défend ses principes en s'attaquant à l'autre. Récemment, le conseil consultatif du parti a interdit à ces deux poids lourds d'exprimer publiquement leur désaccord sous prétexte que cette affaire est purement interne, mais ces derniers ont trouvé d'autres terrains de bataille: les médias et les réseaux sociaux pour régler leurs comptes. Cette fois-ci le président du parti, Abderrazak Makri, a ouvert le feu sur son rival Bouguerra Soltani sur un plateau d'une chaîne de télévision privée, affirmant qu'il était toujours pour la participation aux différentes échéances électorales et que la décision prise récemment par le MSP était «le fruit de son combat et de sa philosophie politique», adoptée à l'unanimité par les membres du conseil consultatif du parti. «Je suis convaincu que le boycott des élections rendra un grand service au pouvoir et ma position est claire je suis et je serai toujours pour la participation aux différents rendez-vous électoraux comme seule manière de pérenniser le combat politique du parti», a-t-il affirmé. Makri a mis les points sur les «i», et indiqué dans ce sens que Soltani n'a eu aucune influence sur le conseil consultatif et que cette décision a été prise à l'unanimité. «Contrairement à ce qui a été écrit dans la presse, Makri a toujours opté dans son choix pour la participation», et ce, pour dire que ce n'est ni Soltani ni son aile de soutien qui ont imposé au parti la participation aux prochaines échéances électorales. Pour étayer ses dires, Makri évoque pour la première fois l'opposition de Soltani à la participation du parti à l'élection présidentielle «Soltani était le porteur de l'idée du boycott de l'élection présidentielle de 2014. J'ai été le seul à avoir défendu l'option de participation à ces échéances, mais ma voix n'a pas trouvé de soutien lors de la réunion du conseil consultatif. Ma vision était claire, il fallait participer aux élections pour soutenir l'une des personnalités indépendantes, à savoir Ali Benflis et Ahmed Benbitour, une manière d'infiltrer le régime par ses propres hommes», a-t-il expliqué. Ce dernier ira même jusqu'à se permettre de donner des cours en sciences politiques à son concurrent en affirmant que la politique de «la chaise vide n'existe pas dans le dictionnaire politique», un parti doit assumer et faire le choix, participer aux élections même si 'on savait déjà que la fraude existera'', ou bien le boycott qui est 'synonyme de la radicalisation'' dans ce cas ' nous serions obligés de mobiliser nos adhérents, d'occuper l'espace publique et exiger le changement''. C'est pour la préservation de la stabilité du pays que 'nous avons opté pour la participation et tenté'' de s'imposer politiquement pour sauver le pays qui s'enfonce dans une crise aiguë''. Pour ce qui est de l'éventuelle participation du parti au prochain gouvernement, le président du MSP estime qu'il n'est pas «question de participer au gouvernement», pour appliquer le programme d'un autre parti, et que cette participation de «façade n'est pas au menu», le MSP a son propre programme, «nous adhérerons au prochain gouvernement dans le cas où ce dernier accepterait son application», a-t-il précisé. Enfin, le conflit Soltani-Makri, ne date pas d'aujourd'hui, un contentieux qui a commencé à l'arrivée de Abderrazak Makri à la tête du Mouvement de la société pour la paix. Le changement de la position du parti et son basculement dans le camp de l'opposition n'ont pas été digérés par Bouguerra Soltani qui se proclamait disciple de Mahfoud Nahnah, qui est en faveur de l'apaisement dans ses rapports avec le gouvernement afin de consolider et de construire une base solide pour le parti. Une position qui n'a pas été partagée par Abderrazak Makri qui, pour lui, l'ère des alliances avec les partis au pouvoir est bel et bien révolu, et que le parti est mûr pour défendre ses intérêts sans se référer au pouvoir.