La transhumance politique n'est pas propre à l'APC, puisqu'au sein de l'APW un membre élu MPA vient de rejoindre l'ANR. Le «nomadisme» politique est une évidence chez nous. Il n'est plus bizarre de voir des élus «se déplacer» pendant leur mandat, d'une formation à une autre et changer de couleur politique comme on change de chemise le matin. Nous avons vu des ex-FIS conduire les listes de formation dûment accréditées, des FLNistes rejoindre le RND et vice versa, des partisans et militants du parti cher à feu Ait Ahmed se reconvertir en partisans des partis de l'Alliance présidentielle... un ex-secrétaire de wilaya de l'ANR de Redha Malek, un député du FLN. L'approche des élections locales aiguise les appétits. C'est ce qui semble se tramer dans les rangs de l'exécutif communal de la ville de Bouira. Un vice-président élu sur les listes du FFS mais qui s'est converti, il y a juste une année en représentant du parti d'Ouyahia, le RND a tiré à boulets rouges sur ses homologues et plus précisément sur le maire qu'il a accusé de tous les maux. Pareille situation aurait été acceptable si le concerné ne faisait pas partie du staff en charge de la gestion de la commune. Pourquoi avoir attendu la fin de mandat pour jeter ce pavé dans la mare? Si la décision de «dénoncer» s'inscrivait dans le cadre d'une bonne intention, il fallait d'abord respecter les choix des électeurs qui ont choisi ce responsable pour son appartenance au parti. Cette balade d'une formation politique à une autre s'est malheureusement enracinée dans les us et moeurs de nos élus. Quelquefois, et c'est le cas à Bouira, l'élu passe d'un parti à son antipode sur le plan des principes et des programmes. Le FFS et le RND sont tous les deux opposés, ayant un seul et unique point commun: l'Algérie. Ce qui vient de se passer au sein de l'exécutif communal doit faire réfléchir les électeurs lors du prochain scrutin où ils devront choisir les hommes et femmes à principes. Pour l'histoire nous avons été poursuivis en justice en 1998 quand sur un quotidien de l'époque, Le Matin, pour ne pas le citer, nous avons dénoncé ces «vagabonds» de la politique. En ces temps un membre de l'exécutif élu RND de l'époque nous avait adressé une mise au point sous le titre «un élu FFS clarifie». La justice nous avait acquittés en prononçant un non-lieu au niveau du tribunal confirmé par la cour après cassation. A l'époque nous avions dénoncé cette fâcheuse habitude devenue par la force de la jurisprudence, partie des us et moeurs parmi les élus. Pour passer d'une formation à une autre, l'intéressé doit remettre son mandat en démissionnant du poste qu'il occupe au nom du parti surtout que nos choix sont édictés par les listes et non les individus. C'est cette situation qui a irrité le mouvement associatif local qui dans une lettre, en notre possession et signée par une trentaine d'associations condamnent le geste de cet élu FFS reconverti au RND il y a une année, après quatre ans au sein de l'exécutif communal. Cette transhumance n'est pas propre à l'APC puisqu'au sein de l'APW un membre élu MPA vient de rejoindre l'ANR. Pour revenir à ce pavé jeté dans la mare et concernant le maire de Bouira, il aurait été judicieux de s'adresser à la justice et non aux médias. Seuls les résultats des enquêtes pourront infirmer ou confirmer les accusations. Le maire et ses collaborateurs restent innocents jusqu'aux conclusions des investigations. En s'empressant de recourir aux colonnes de journaux, l'élu donne l'impression de vouloir attirer les regards sur lui et semble se préparer au prochain suffrage. L'avenir nous le dira.