Il y a des voisins qui se détestent tellement que les familles entières s'impliquent. Hélas, un jeune a tenté d'apaiser les esprits. Me Mourad Amriche a pris le pli à El Harrach où il plaide devant Bouzerg, le juge, à l'aise lorsque le dossier est bien ficelé et les procédures respectées. Défendant un inculpé de coups et blessures volontaires avec en sus le port d'armes prohibé. Ce jeune conseil de «Brossette» a crié respectueusement le fait d'être objectif dans cette triste affaire où son jeune client s'était interposé dans une méchante rixe entre voisins et qui se retrouve en détention en flagrant délit. «Qu'avons-nous aujourd'hui? De simples dires, des déclarations des adversaires entre eux alors que Nasseredine n'y est pour rien», a protesté Me Amriche qui a aussi rigolé pour ce qui est du vol des cinq mille dinars déclarés par la victime. Zohra, la maman a, elle, pleuré sa solitude car veuve. «Je n'ai que mes deux jeunes pour me protéger de cette famille voisine qui nous harcèle depuis six ans». Son fils Abdelhak, 19 ans, a dit entre autres, que ses deux enfants, précisément, lui avaient ôté la bague de force, une casquette, une paire de lunettes alors que Nasseredine, les cinq cent mille centimes gagnés l'après-midi sur l'étal ambulant: «Je suis stagiaire le matin et marchand l'après-midi», débite-t-il. L'inculpé sait, depuis le début de l'audience et c'est Abdelmahid Bourezg, le président de la section correctionnelle - détenus et non détenus -, qu'il est poursuivi pour trois délits ; les coups et blessures volontaires (264 du code pénal) le port d'arme prohibée et le vol (350). Il le sait mais ignore tout à fait les termes des articles de loi. Son avocat, Me Mourad Amriche s'était, certes, dépensé en mettant le paquet sur le fait que l'inculpé n'est coupable de rien. «Il a seulement tenté de calmer les esprits. La salle est pleine à craquer. Les gens vont penser quoi si mon client écope d'une condamnation même assortie du sursis? Plus personne ne se mêlera plus d'autrui en danger», s'est écrié le défenseur qui a tout tenté : le droit, le doute, les erreurs, le mensonge d'un adversaire à l'encontre d'un autre. Il réclame la relaxe. Fatima Chrief la procureur n'est pas d'accord : un an de prison ferme. Le port du couteau a beaucoup compté dans les demandes de la charmante représentante du ministère public. Le magistrat accorde le sursis et avertit tout ce beau monde que les voisins doivent se débrouiller pour vivre en paix, sinon le bras de la justice est long.