Sans se faire trop d'illusions, le parti défie «M. Ahmed Ouyahia d'accepter ses conditions». «Le Front des forces socialistes (FFS) prend acte de la demande de dialogue formulée par le chef du gouvernement lors de sa dernière conférence de presse et souhaite que soient réunies les conditions de réussite de cette initiative.» C'est ce qu'a annoncé hier, son premier secrétaire national, M.Ali Laskri, dans une conférence de presse organisée au siège du parti. Le FFS qui détient plus de 400 élus dans la Kabylie, pose néanmoins quatre conditions «non inaliénables». Il exige, de prime abord, que l'ordre du jour, le lieu et les objectifs soient arrêtés d'un commun accord. «Par souci de transparence et pour permettre à la population de prendre connaissance des objectifs et du déroulement du dialogue dans toutes ces étapes», il insiste sur le fait que les débats soient transmis en direct à la télévision: «Nous refusons le dialogue souterrain», lance le conférencier. Le FFS souhaite la présence de la presse, et enfin propose l'élargissement de cette consultation aux acteurs sociaux représentatifs et engagés aux côtés de la population. Sans se faire trop d'illusions, le parti défie «M.Ahmed Ouyahia d'accepter ses préalables», précise M.Karim Tabou, secrétaire national chargé de l'information et de la communication. Autrement dit, le parti d'Aït Ahmed est quasiment sûr que la réponse du FFS aura une fin de non-recevoir de la part du Palais du gouvernement. Preuve en est, le parti n'a pas été jusqu' à cette date contacté par le gouvernement, au moment même où des informations concordantes évoquent l'imminence de la révocation des élus de la Kabylie. Pourquoi dans ce cas précis se lancer dans une démarche dont on connaît dès le départ l'échec? Il s'agit en fait, selon Karim Tabou, de «réaffirmer devant l'opinion publique sa détermination de continuer de militer pour la démocratie et le plein exercice des libertés». «Le FFS n'est pas, ajoute-t-il, un parti qui pratique l'exclusivisme mais plutôt une formation de proposition et de dialogue constructif, respectueux des règles éthiques et partisan de la gestion démocratique et transparente de la crise politique profonde que vit notre pays». Pour le FFS, la dissolution des assemblées élues en Kabylie, est un acte politique qui «a remis en cause le droit des citoyens au vote». Au coeur de cette polémique, l'alliance stratégique est désignée comme «le principal instigateur de cette machination criminelle qui vise la dislocation politique et socio-économique de la région, ce qui explique l'acharnement contre la Kabylie et le rejet du gouvernement d'organiser des élections globales qui concerneront l'ensemble du pays et toutes les assemblées élues». Par ailleurs, le recours au décret présidentiel «est un coup de force contre le FFS» qui vise «à réguler les contradictions qui existent au sein de ce pôle acquis au pouvoir». Des contradictions prouvées sur le terrain par l'incapacité de ces partis de gérer leurs élus «qui continuent à l'image de ceux du FFS à gérer les affaires courantes des assemblées en Kabylie». Quelle sera la position du plus vieux parti de l'opposition dans le cas où la révocation des «indus» élus est prononcée par ordonnance ? Participera-t-il aux élections partielles? M.Laskri, qui n'écarte pas le recours à cette procédure, n'a ni confirmé ni infirmé la présentation des listes FFS dans ces élections, se contentant de déclarer qu «on n'est pas encore arrivé à cette situation». Qu'à cela ne tienne, le «FFS ne répondra pas aux provocations du pouvoir et continuera à militer dans un cadre pacifique». Un détail sur lequel les deux conférenciers ont spécialement insisté. Le message est clair, le FFS ne sombrera pas dans la violence mettant, par là même, en garde le pouvoir contre «des dérives dont il assumerait seul l'entière responsabilité».