Brahim Ghali Le casting intervient à un moment où la diplomatie marocaine a essuyé de cinglants revers concernant la question du Sahara occidental alors que Donald Trump pourrait nommer un secrétaire d'Etat craint comme la peste par Rabat. Quel crédit accorder à une telle information qui sent l'intox à 1000 lieux à la ronde? La justice espagnole est-elle corruptible à ce point pour estimer recevable ce type de plainte? Il est en tout cas permis de se poser la question, à en croire la presse marocaine qui s'est empressée d'en faire ses choux gras. «La justice espagnole a cité Brahim Ghali à comparaître devant le tribunal, le 19 novembre prochain en tant qu'accusé, dans le cadre des poursuites engagées suite à la plainte déposée en 2007 contre lui et d'autres membres du Front Polisario pour crimes contre l'humanité, tortures, génocide et séquestration», rapporte l'agence officielle marocaine Map reprise par différents médias du royaume. Le casting intervient au moment où la diplomatie marocaine a essuyé de cinglants revers concernant la question du Sahara occidental alors que Donald Trump s'apprête à nommer un secrétaire d'Etat craint comme la peste par Rabat. Les futures relations entre le Maroc et les Etats-Unis «dépendront de l'entourage qu'il réunira autour de lui, ce dernier ayant peu de connaissances sur le Maroc» pense le Marocain Brahim Fassi-Fihri, président du think tank Amadeus. Et apparemment les vents ne semblent pas vouloir tourner en faveur du pouvoir marocain puisque c'est une personnalité favorable à la tenue d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental qui semble tenir la corde pour conduire la politique étrangère des Etats-Unis. Le nom de John Robert Bolton, ambassadeur auprès de l'Organisation des Nations unies (du 2 août 2005 au 31 décembre 2006) qui a étroitement collaboré, entre 1997 et 2000, avec l'ex-envoyé spécial pour le Sahara occidental: James Baker est cité avec insistance. Avocat de profession et rompu aux questions internationales, il a notamment contribué à l'élaboration du plan «Baker II» qui proposait une solution définitive au conflit sahraoui à travers la tenue d'un référendum d'autodétermination. L'occasion est donc opportune pour desserrer l'étau, d'autant plus que la question de l'organisation d'un référendum d'autodétermination qui assurerait au peuple sahraoui le droit de s'exprimer librement quant à son destin est plus que jamais d'actualité, tandis que l'Organisation des Nations unies est sur le point de changer de tête. Son actuel secrétaire général qui n'est plus en odeur de sainteté au Palais royal depuis qu'il a essentiellement qualifié la présence marocaine au Sahara occidental d'occupation, va passer la main à l'ex-Premier ministre portugais Antonio Guterres (28 octobre 1995 au 6 avril 2002). Un événement qui pourrait avoir pour conséquence de coûter le poste de représentant personnel du SG de l'ONU à Christopher Ross qui est considéré persona non grata au Sahara occidental par le Maroc. «Il n'a rien à faire ici bien sûr. Il est hors de question qu'il se réunisse avec qui il veut à Laâyoune», avait déclaré en novembre 2015 le ministre marocain des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, dans un entretien accordé à l'Agence de presse espagnole EFE en marge de la visite du monarque alaouite à Laâyoune (capitale occupée du Sahara occidental) où il avait célébré le 40ème anniversaire de l'invasion du Sahara occidental. Depuis, le conflit du Sahara occidental s'est davantage enlisé... La composante politique et civile de la Minurso expulsée sur décision du souverain marocain n'est toujours pas réhabilitée, les bruits de bottes résonnent à travers la situation qui prévaut dans la région d'Alguergarat, dans le sud du Sahara occidental occupé, où des unités de l'armée d'occupation marocaines font face, à une distance de 120 mètres, à des positions du Front Polisario. Sur un autre plan, l'avocat général de la Cour européenne de justice a tranché concernant l'accord agricole qui lie le Maroc à l'UE, contesté par le Front Polisario. «Le Sahara occidental ne fait pas partie du territoire du Maroc et, partant, contrairement à ce qui a été constaté par le tribunal, ni l'Accord d'association UE-Maroc ni l'Accord de libéralisation ne lui sont applicables», avait écrit Melchior Wathelet en septembre 2016. A travers la diabolisation du président sahraoui, le Maroc se cherche une porte de sortie. La justice espagnole a décidé de lui faire la courte échelle au lieu de dénoncer la responsabilité historique de ses responsables politiques dans le conflit du Sahara occidental qui a conduit à la répression, à la torture et à l'exécution sommaire de civils sahraouis.