Le Front Polisario vient d'interpeller l'Union européenne sur la question de la légalité internationale. Dans une déclaration datée du 27 mars et rendue publique hier, le ministre délégué sahraoui et responsable auprès de l'Europe, Mohammed Sidati, a qualifié la remise en cause, par le Maroc, de ses engagements internationaux de “manœuvre politique et médiatique”, voire de “net recul” dans la recherche d'une solution mettant fin à l'occupation illégale du Sahara Occidental. Pour M. Sidati, la proposition cache mal “la volonté d'annexion par la force” d'un territoire non autonome. Pis, elle met les instances internationales “devant le fait accompli”. Le territoire sahraoui est, pour rappel, une ancienne colonie espagnole agressée par les forces armées royales en octobre 1975, au lendemain de la publication du rapport de la mission de l'ONU et de l'avis consultatif de la Cour internationale de justice, lesquels exprimaient la représentativité du Front Polisario en tant que mouvement de libération nationale, et la reconnaissance du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance. En novembre de la même année, le colonisateur espagnol a signé un accord secret portant sur le partage du territoire du Sahara Occidental entre le Maroc et la Mauritanie, en contrepartie d'intérêts convenus et inavoués, notamment des intérêts économiques et le maintien des deux enclaves Ceuta et Melilla. En 1979, la Mauritanie s'est retirée du conflit et a plus tard reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Seulement, le Maroc a poursuivi son occupation illégale du territoire du Sahara et ce n'est qu'au début des années 80 que feu le roi Hassan II s'est engagé à organiser un référendum. Un plan de règlement a été avalisé à l'unanimité par les Nations unies en 1990. L'année suivante, une Mission pour un référendum au Sahara Occidental (Minurso) a été créée pour mener à bien le référendum. Une bataille s'est alors engagée autour du corps électoral entre les deux parties en conflit. Il faudra attendre décembre 1999 pour voir l'ONU disposer d'une liste des votants potentiels. Mais, entre-temps, Rabat a renié sa promesse. En 2003, un nouveau plan de paix est mis sur rail par l'Américain James Baker, qui sera adopté à l'unanimité par le Conseil de sécurité. La solution médiane contenue dans ce plan de paix concerne une étape d'autonomie de 4 à 5 ans, à l'issue de laquelle sera organisée la consultation de la population… sahraouie et des Marocains établis dans les territoires occupés du Sahara de 1975 à décembre 1999. Aujourd'hui, devant le manque de fermeté de l'ONU, le Maroc veut enterrer le référendum et garder seulement la partie du plan Baker réservée à l'autonomie du territoire. H. Ameyar