Les syndicats brandissent la menace d'une grève illimitée L'intersyndicale défend sa position et explique son recours obligé à la rue par la fermeture des voies du dialogue et de la concertation. En conférence de presse, hier, les représentants des syndicats initiateurs du front contre la suppression de la retraite proportionnelle et la révision du Code du travail, étaient sur la défensive en expliquant leur action due à la fermeture des portes du dialogue et de la concertation avec le gouvernement qui «campe sur sa position en continuant à marginaliser les syndicats autonomes dans la prise de décisions concernant les travailleurs». En signe de bonne volonté pour sortir de cette crise, les syndicats ont exprimé leur intention et disposition à résoudre cette problématique dans la sérénité loin de cette confrontation qui s'est imposée comme seule alternative après «l'adoption, par le gouvernement, de la politique de la marginalisation à l'égard des syndicats autonomes». Ces derniers, se sont dits en faveur d'un «débat sérieux, constructif avec le gouvernement pour arriver à un terrain d'entente», tout en mettant l'accent sur «la nécessité de la préservation des droits des travailleurs». Le mot d'ordre maintenu, les syndicats indiquent qu'ils sont bien déterminés à aller encore plus loin dans leur mouvement de contestation pour faire entendre la voix des travailleurs. L'intersyndicale est dans la mobilisation de ses troupes pour réussir son pari en montrant ses muscles dès demain avec l'occupation de la place publique et des grèves cycliques paralysantes. Pour cette semaine, l'intersyndicale a décrété trois jours de grève et des rassemblements régionaux dans quatre wilayas du pays: Laghouat, Sétif, Oran et Boumerdès. Ce qui veut dire une paralysie générale dans plusieurs secteurs d'activité. Pour les syndicats, il s'agit d'une forte mobilisation de la classe ouvrière pour la préservation de ses droits et «faire face aux manoeuvres du gouvernement menaçant les principaux acquis socioprofessionnels de la classe ouvrière», à savoir «l'abrogation de l'ordonnance 13-97 fixant les modalités de départ à la retraite proportionnelle et les nouvelles dispositions introduites dans le nouveau projet de Code du travail qui posent des entraves à l'exercice du droit syndical». Les porte-paroles de l'intersyndicale ajoutent que la proposition du gouvernement d'établir une liste des métiers pénibles n'est pas un «cadeau» et que cette démarche vise seulement à atténuer la colère des travailleurs «d'ailleurs, depuis plusieurs mois, on entend parler de cette fameuse liste dans les médias à travers les déclarations des différents responsables, mais à présent rien n'a été fait dans ce sens». Le gouvernement s'est engagé dans l'élaboration d'une liste des métiers pénibles bénéficiaires des mesures exceptionnelles dont le dossier est toujours dans les tiroirs du l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta). C'est ce qu'a déclaré, hier, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale Mohammed El-Ghazi, lors de la Rencontre nationale des directeurs de l'emploi des wilayas, organisée hier au siège de son ministère. «La liste des métiers de haute pénibilité est toujours au niveau de l'Ugta», et «l'élaboration du nouveau Code du travail n'est pas à l'ordre du jour». Pour les porte-paroles du mouvement pour la retraite proportionnelle, les syndicats autonomes sont une force non-négligeable et leur place dans le paysage syndical se renforce du jour au lendemain. Aussi, le gouvernement est dans l'obligation de les associer aux discussions au lieu de prendre des décisions unilatérales en comptant sur l'Ugta, ce qui enflamme le front social. Cette loi sur la réforme de la retraite et le projet de Code du travail auront causé des mois de confrontation sans faire plier l'Exécutif qui continue sur sa lancée et les syndicats de leur côté passent à la vitesse supérieure dans la mise à exécution de leur plan d'action avec des grèves et des rassemblements au menu, tout en brandissant la menace de la grève illimitée comme ultime arme pour placer le gouvernement devant le fait accompli.